X

Battle Gun Paper – Man Over board

Quartet originaire de Montpellier, pillards du Languedoc et bouffeurs de pierre invétérés, les batailles flingue papier envoient un stoner lourd comme un galion, épais comme une caravelle. Il ne s’agit pas dans cette autoprod de découvrir de nouveaux territoires à la manière d’un Magellan du riff mais bien de tirer à boulets ardents dans le sens de ses illustres aînés. Pour moi, les montpelliérains sont à catégoriser dans le massif, le charpenté, cousin de Truckfighters, Steak ou autres Queens of the Stone Age.
BGP dans son EP fait tout à l’envers et le fait bien. Mendia Agences ouvre le bal par une outro (écoutez, vous comprendrez) lointaine, in medias res. Déboulant sur un début Red Fangien à souhait, période Murder the Mountains, le morceau taille du break et du changement de riffs à la pelle associés à des chœurs invitant le public à hurler dans sa bière. D’emblée, on se prend un mur de guitares dans la gueule, à vous déchausser les chicots. Le son est énorme pour une autoprod et je n’ose imaginer la production qu’ils pourraient nous pondre avec plus de temps et de moyens. Mais attention ! N’oubliez pas les hauts médium et les aiguës gentils sudistes. Je trouve que l’ensemble de la galette en manque parfois et ceci donne un effet d’ écrasement par moments.

Le second morceaux, n’en est pas un. Il s’agit plus d’une transition tranquilou, un petit passage guitaristique pour nous emmener plus loin encore dans le heavy. C’est très bien vu, car sur 6 morceaux, deux sont en fait des respirations qui aèrent l’EP et permettent d’ouvrir les bronches pour mieux respirer la poudre des canons. …Let go amène donc Bite or…une fois de plus, inversion de logique et placage rythmique. Bite or…et Though Week sont deux anciens morceaux revus et remixés pour l’occasion. Bonne nouvelle, ils ont pris du gras et du muscle ce qui renforce la complexité de leurs structures. Le Battle ralentit et ça lui va bien. Les deux guitares croisent le fer tout en souplesse et se font rouster le fion par une basse conquérante et une batterie « bourreau fait ton office ». Bon point que le mix de la section rythmique au passage qui régale sur les quatre morceaux. Sur Though Week, BGP part dans le Kyuss et étire son morceau en wah-wah et autres gourmandises d’effets stoner. On entendra même un hommage à ZZ Top au détour d’une mesure. Petit point cependant, il me semble qu’il y ait trop de « petites voix » par ci par là, des petits ajouts vocaux pas nécessaires et qui détournent l’oreille de l’intérêt des morceaux, ainsi qu’une voix lead un peu chancelante, hésitante par moment.

L’Ep se finit sur Leave et Man Over Board. BGP fait prendre à son stoner de l’épaisseur iodée car quel désert plus immense que l’océan ? Les deux morceaux forment un mouvement immersif du clapotis apaisant aux vagues monstres et tempétueuses des guitares. Le chant est plus posé, la structure moins complexe mais le groupe grandit dans cette nouvelle compo. Il gagne en maturité et, en simplifiant la carcasse du rafiot, permet aux riffs d’être plus efficaces et d’étaler leur qualité d’écriture au grand jour.
Man Overboard est donc un EP de qualité, à la production massive, qui laisse entrevoir de belles promesses concernant Battle Gun Paper. C’est technique, c’est lourd, c’est bien écrit, je ne doute pas que le groupe arrivera encore à s’améliorer et j’ai hâte de les voir sur scène. Si leurs lives sont aussi cool que l’artwork, alors je veux bien faire partie de l’équipage.

Flaux

Note des visiteurs
(0/10 - 0 vote)

(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)

Voir les commentaires (3)