Il n’aura pas fallu longtemps au trio californien pour sortir sa seconde galette – à peine un an, en gros, ce qui de nos jours est remarquable. Le trio, préférant vraisemblablement battre le fer tant qu’il était chaud, s’est mis rapidement et intensivement à la tâche pour donner un successeur à Lusus Naturae, leur précédent et premier effort, paru lui aussi chez Rise Above, la maison hôte parfaite pour leur hard rock doomeux vintage typique, tendance occult.
En tous les cas, le premier constat est rapidement fait : le groupe n’a pas beaucoup fait évoluer sa formule. Toujours fondamentalement baigné d’influences doom old school (Pentagram, les premiers Cathedral, St Vitus,…), Beastmaker y apporte un son de guitare plus vert, plus moderne et plus heavy. Pas d’anachronisme, toutefois : la production remarquable de l’album ne vient jamais pervertir l’ambiance des morceaux ou leur déférence vis-à-vis de leurs aînés. Plus que le plagiat, c’est le respect permanent pour leurs aînés qui baigne cette galette. Du coup, il y a matière à se régaler avec les larges rasades de riffs lancinants et de lignes vocales rampantes, sans que l’on ne soit jamais ennuyé par des tempi trop lents ou patauds. Perpétuellement sur le fil du rasoir, le trio joue sa partition à la perfection, ciselant des compos impeccables, efficaces, et ne se perdant jamais en route (10 morceaux pour environ 40 minutes : on est pile poil dans le format référentiel du genre). Plus remarquable encore, aucun raté, morceau bouche-trou ou déchet : tout fonctionne. Bon, l’ensemble est un peu mastoc néanmoins, assez homogène, mais on ne peut pas décemment reprocher au groupe sa cohérence formelle… En conséquence, peu de titres se distinguent vraiment du lot, même si on orientera l’auditeur curieux sur l’épique morceau-titre, le catchy « Sick Sick Demon », le très Uncle Acid « Psychic Visions » ou encore l’entêtant « Heaven To Hell »…
A vouloir faire trop vite, Beastmaker est passé près de confondre vitesse et précipitation. Heureusement, Inside The Skull est exempt de reproches majeurs, et confirme le bien que l’on pensait de Beastmaker. Le groupe nous ressert une lampée de la même cuvée et ça fonctionne toujours… mais jusqu’à quand ? Le manque de variété dans la discographie d’un groupe était chose commune dans le paysage musical il y a quatre ou cinq décennies de cela, mais de nos jours c’est une autre histoire. Mais pour le moment ça passe, et on s’en contente bien volontiers : on ne va pas non plus se faire de nœuds au cerveau, et on continue de se délecter de cette excellente galette.
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