On avait quitté Big Scenic Nowhere à l’été dernier alors que le “groupe” (difficile d’appeler cela un groupe, plutôt une réunion de grosses têtes du stoner pour un projet unique) venait de faire paraître, sous l’étiquette « Postwax » qui nous aura bien occupé l’an dernier, un EP 2 titres franchement bon. Evidemment, ce genre de projet engendre rarement une suite et on s’était fait une raison : Dying on the mountain n’était pas voué à la descendance… Mais c’était sans compter sur les petits comiques Bob Balch (Fu Manchu) et Gary Arce (Yawning Man) qui se sont dits que, finalement, combler les attentes du public n’était pas une si mauvaise idée que çà… Merci à eux pour l’attention !
Du coup, on demande aux copains Tony Reed (Mos Generator), Alain Johannes (Queens Of The Stone Age), Mario Lalli (Fatso Jetson, Yawning Man) et Per Wiberg (Spiritual Beggars, Kamchatka) s’ils veulent rempiler… Difficile de résister quand deux légendes du stoner de cette envergure vous demandent un truc, surtout quand c’est pour participer à un projet dans ce genre donc tout le monde répond présent. Du coup, inutile de vous dire qu’on a affaire ici à l’un des plus beaux castings de ces dernières années pour un album stoner. Le gratin du gratin. La crème de la crème. The best of show. Et forcément, c’est avec la bave aux lèvres qu’on pose délicatement mais fébrilement Vision beyond horizon sur la platine, sûr de découvrir le Graal du desert rock, la pierre de Rosette du stoner… Surtout que l’EP paru il y a quelques mois est encore sur toutes les lèvres et dans toutes les mémoires…
Les hostilités débutent avec « The glim », sublime complainte désertique magnifiée par la voix d’Alain Johannes. D’entrée, on est en apesanteur mais vous allez vite redescendre avec « The paranoid ». A peine cent secondes de pure giclée d’adrénaline qui vous pètent à la tronche telle une canette de soda trop secouée. Un peu vain mais bon… Le fuzz reprend ses droits avec « Then I was gone », enchaîné avec l’aérien « Mirror image » et ses vocaux durs et menaçants. Et c’est là qu’on mesure la qualité de cet opus, qui passe d’un bon gros punk des familles à des sonorités floydiennes avant de prendre un virage à 180 degrés pour nous perdre dans le désert. La preuve avec « Hidden wall » (peut-être le meilleur titre de l’album) et sa coolitude toute californienne. La tête dans les étoiles et les oreilles dans la lune…
« Shadows from the altar » et sa monolithique gratte n’a pas franchement vocation à révolutionner le genre mais sert plutôt d’écrin aux voix de Lisa Alley et Iam Graham des formidables The Well. Pas le temps de dire fuzz qu’on retourne au beau milieu des cactus avec « En las sombras », la « seconde partie » en quelque sorte de « Hidden wall » avec, encore et toujours, cette ambiance feutrée, propice au coït dans le sable. Et ce n’est rien à côté de « Tragic motion lines » qui déboule juste derrière. Là, c’est sûr, vous allez avoir le chibre en branle ! Ne reste plus qu’à déguster « The war years » qui clôt cet opus, petite bulle de douceur avant de retrouver cet affreux monde rempli de gens qui toussent et qui râlent.
Merci, une fois de plus, à Big Scenic Nowhere d’avoir osé aller plus loin que le simple « one-shot project » de Dying on the mountain avec ce splendide Vision beyond horizon, magnifique hommage au stoner sous toutes ses formes. Certes, il faudra sans doute à vos oreilles plusieurs écoutes pour bien appréhender l’objet (en tout cas, il m’en a fallu près d’une dizaine pour vraiment apprécier cet album) mais, croyez-moi, cela en vaut la peine. Bon, allez, on ose demander une suite à Vision beyond horizon ? Comme dirait Manu : chiche !
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