On avait été cueilli un peu à froid avec la précédente galette de Bismarck, Oneiromancer, des norvégiens sortis de nulle part (même si c’était leur second album, leur premier nous était alors passé à côté) avec une assurance et une maîtrise qui nous avait bien remué. Evidemment, on attendait son successeur avec impatience et espoir de voir le groupe confirmer nos attentes. C’est dans une nouvelle écurie (Dark Essence records) que sort ce nouveau disque (il semblerait qu’Apollon records, leur précédent label, se concentre sur des sorties moins « lourdes » ces dernières années).
Profonde frustration, en particulier pour ce style musical : ce nouveau disque, Vourukasha, ne dure que 35 minutes, à l’image de son prédécesseur Oneiromancer. Huit morceaux, dont un titre « à part » plutôt ésotérique, « Kigal » (tout en percus, instrumentation acoustique et vocaux alternant entre chant clair et incantations tribales) et un autre instrumental soft / transition (« The Tree of All Seeds »), pour presque 8 minutes à eux deux. Ça ne laisse derrière que 4 « vrais » morceaux ; ils ont intérêt à être bons…
C’est le cas clairement de la première paire, les plus directs aussi, à commencer par la torgnole « Sky Father », qui démarre sur son riff-upercut, puis qui alterne sludge-hardcore et doom grassouillet, développant sur sa seconde moitié une séquence typique du groupe, mélant post-metal et doom sludgy. Une jolie pièce, à l’image de son successeur « Echoes », qui propose un doom/post metal un peu plus groovy, ouvrant lui aussi en son milieu une parenthèse complètement ambiant/psych, avant de replonger dans un doom sludge poisseux (et un final rapide rageur, blast beat et mur de guitare en pleine face). Même pas à la moitié qu’on déja pris un coup de barre à mine derrière les genoux.
Après la parenthèse « allégée » sus mentionnée, on attaque les deux derniers titres de la galette bille en tête via un bon « retour aux affaires ». Ça repart avec le morceau-titre qui, exempt de surprise, déroule un gros (gros gros) riff avant d’aménager une plage instrumentale plus « aérienne », assez longue, avec laquelle viennent s’entreméler des rasades de gros metal (avec des aller-retours entre guitares et nappes plus « post »). « Ocean Dweller » qui clôture la rondelle prend plus de 4 minutes d’instru et vocaux aériens pour construire sa montée en tension, avant de rentrer dans le dur via une rythmique d’une lenteur écrasante – et toujours ce chant hurlé déchirant… La trame mélodique manque un peu « d’accroche » pour rendre ce titre monstrueux, mais il est riche et bien mené.
Le seul défaut de ce Vourukasha est qu’il n’est plus porteur du facteur surprise : Bismarck, désormais, « fait du Bismarck », et le groupe affine une recette dont la plupart des composantes figuraient déjà sur Oneiromancer (gros riffs, sonorités sludge et post-metal, emprunts aux musiques tribales et flokloriques…). Ça ne fait pas de cette nouvelle offrande un mauvais disque, loin s’en faut. En revanche, l’apport de nouveauté est faible : stylistiquement évidemment (ce n’est pas un reproche, répétons-le) mais quantitativement aussi, avec moins de 30 minutes de « vraies » nouvelles chansons, et la frustration induite. Mais ce nouveau Bismarck satisfera toujours les amateurs d’un sludge doom intelligent, audacieux et travaillé, qui n’hésite pas à emprunter au post-metal et autres styles (metal ou non). Costaud et lourd, mais jamais bas-du-front.
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