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Black Cobra – Imperium Simulacra

Question : Qui aujourd’hui peut se targuer d’avoir tourné ces dernières années avec entre autres Kyuss Lives, High on Fire, Yob, The Sword, Corrosion of Conformity, Torche, Fu Manchu, Lo-Pan, Bongzilla et j’en passe et des meilleurs ? Sorte de panel (non exhaustif soit) de toute la mouvance stoner-doom-sludge s’il en est.

Réponse : Black Cobra, le duo dévastateur au sludge vindicatif. L’amateur de stoner ne serait pas qu’un hippie féru de grosses cylindrées. Les stoneheads ont donc la tête plus dure que l’on ne croit et se plaisent à corser les propos et la manière. Car Black Cobra ne fait pas dans le psyché recyclé, quand ils tapent dans le gras c’est à coups de triques sèches et par bien des aspects leur sludge flirte avec le punk et le hardcore. Pourtant les San-Franciscains se fondent dans la scène stoner-doom-sludge comme Clark Kent dans la population.

Passé chez Season Of Mist pour ce cinquième album, Black Cobra lance fort les hostilités, à l’image de l’artilleur Pike et de son autre groupe que Sleep, avec deux titres qui placent directement dans votre mâchoire de quoi clore les tergiversations sur si vous allez poursuivre l’écoute ou non. Si vous n’avez jamais posé vos esgourdes sur le duo américain, le décrassage de vos pavillons engourdis par l’excès de fuzz graisseuse risque de vous surprendre. « Challenger Deep » est la démonstration même de ce que le hardcore peut apporter au sludge : une intensité, une violence sèche, qui n’empêche pas un headbanging constant. Ralentissez, enduisez de saindoux, jouez de manière plus détachée et vous obtenez un titre de Fu Manchu période « We Must Obey ».

Depuis sa création en 2001 le groupe a ciselé son approche et particulièrement sa production. D’album en album se sont affinés le son et les arrangements et Imperium Simulacra est certainement l’aboutissement de ce chemin. On sent tout le travail fait sur la rythmique pour stimuler la redondance de la moissonneuse-riffeuse. Les breaks, feintes et autres cassures apportés par le jeu de batterie maintiennent l’attention car s’ils n’étaient aiguisés les riffs s’embourberaient dans la masse graisseuse de ces adversaires occis par la lourdeur du tranchant. Travail également fait sur la variété des morceaux et l’apparition d’éléments plus progressifs. « Fathoms Below » évoque une intro de Monkey3 vénère, et déroule un groove haletant entre doom et math-metal. Le titre sur plus de 8 minutes s’échappe même en terres enfumées propre à un sorcier électrique dopé par la double-pédale. Le groupe vocifère et distribue les bûches comme d’autres les pains avec « Eye Among the Blind » et « The Messenger » et dénonce sur cet album au concept rageur la prédominance des nouvelles technologies. « Obsolete » est emblématique du public des Stoned Gatherings qui s’encanaillent au Blackened Gatherings avec son intro blasté contrastant avec le couplet massue. Black Cobra est telle une horde lâchée en éclaireur pour défricher des terres inconnues au plus sage d’entre nous.

Le groupe se fend de jouer du rock, certes dur voire trop dur pour certains. Sa place au sein de la communauté stonerienne tient en un mot : le riff. Les influences sont communes à tout ce petit monde. « Dark Shine » en re-décline un bel exemple dans sa dualité doom/hardcore et son solo évanescent. L’album ne se digère pas facilement et plusieurs écoutes seront nécessaires pour passer la barrière d’apparente violence qui ne fait que masquer abattage de ces deux serpents noirs qui ont haussé leurs exigences en termes de subtilités mélodiques et rythmiques. « Sentinel » pousse le vice jusqu’à un break d’une sérénité inattendue. Quand s’achève l’album sur « Technical Demise » avec ses passages parmi les plus brises nuques de ces 48 dernières minutes et son refrain à scander, on comprend que les réticences une fois tombées, Imperium Simulacra est un album qui a sa place dans toute bonne discothèque de sludge variée et ouverte.

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