On avait laissé Black Elephant en 2018 sur un Cosmic blues franchement excitant pour qui aimait le stoner infusé au rock psychédélique, au heavy rock et, comme son nom le suggérait, au blues cosmique. Les italiens dégainent aujourd’hui leur nouvel opus intitulé Seven swords. Avec un tel patronyme qui fleure bon les films de samouraïs, les yakuzas et le thé au jasmin, on imagine aisément nos amis transalpins revisiter la bande originale du Kill Bill de Tarantino.
Pourtant, dès les premières notes de « Berta’s flame », c’est du côté de Savona, fief du groupe, qu’on est transporté grâce au chant (en italien) d’une violente douceur d’Alessio Caravelli surmontant une guitare délicatement puissante d’un Max Satana visiblement en état de grâce et en osmose totale avec ses amplis. Le son est ample, aérien et en même temps d’une rugosité telle qu’on imagine aisément ce titre ouvrir les concerts futurs des éléphants noirs (croisons les doigts pour que cela puisse se faire rapidement). Et quel final! Çà commence donc très fort…
La suite? Elle s’intitule « The last march of Yokozuna » (le rang le plus élevé pour un sumo, merci Wiki…) et elle tranche radicalement. C’est lancinant, très pur (et instrumental) et c’est le genre de titre à écouter les yeux fermés en se laissant aller à d’interminables basculements latéraux avec vos voisins de fosse. « Yayoi Kusama » (du nom d’une artiste japonaise avant-gardiste) continue sur la lancée avec, cette fois-ci, un jeu de guitare très funky qui n’est pas sans rappeler les meilleures années des Red Hot Chili Peppers. Difficile de trouver un lien entre les trois premiers titres qui, s’ils s’enchainent assez bien, cassent un peu la cohérence qu’on avait l’habitude de retrouver chez Black Elephant.
« Mihara » (ville voisine d’Hiroshima) continue de nous faire voyager mais on finit par se perdre et ne plus avoir de points de repère avec des titres trop différents les uns des autres. On a l’impression que les italiens ont trop joué au Boggle: ils ont mis tout ce qu’ils ont trouvé bien dans un petit sac et, après avoir remué énergiquement, ont déterminé l’ordre des titres. Ne vous méprenez pas, l’album est excellent dans son ensemble mais ce manque de logique dans l’enchaînement des titres casse un peu le plaisir d’un album qui aurait été encore meilleur avec un autre agencement. Ce n’est qu’un avis personnel…
L’instrumental « Red sun and blues sun », suivi d’un « Seppuku » (l’autre nom du Hara-kiri) très bluesy nous emmène tranquillement vers le titre final de près de 9 minutes, intitulé « Govinda » (un des nombreux noms du dieu Krishna dans la religion hindouiste), qui conclut Seven swords avec un sentiment mitigé: dans son ensemble, Black Elephant nous a pondu une galette enthousiasmante, à la production léchée avec des compositions de grande qualité. Mais comme dit plus haut, l’enchaînement des titres sans queue ni tête peuvent perdre l’auditeur. Mention très bien malgré tout.
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