Quinze ans après la sortie de leur premier album, Twilight in the Desert, Black Rainbows n’a rien perdu de sa superbe. Les Italiens unis en 2005 sur l’autel du Stoner poussiéreux et électrique réapparaissent aujourd’hui avec Superskull, une galette complète de douze pistes pleines d’une énergie saturée de fuzz et d’atmosphère désertique.
Tout commence avec « Apocalypse March » où un riff catchy nous livre peu à peu à l’impétuosité d’un groove entrainant. Rythmique entêtante, nuque qui s’échauffe et envie de se jeter à l’arrière d’un pickup lancé à vive allure au milieu d’une plaine aride. En bref, un excellent préambule. Le second morceau « Superhero Dopeproof » s’avère encore plus percutant, dès son riff d’intro on sent que l’on entre dans le vif du sujet. La guitare se révèle plus agressive, plus cinglante, telle la cravache d’un cavalier qui sommerait sa monture de galoper encore plus vite. On accélère donc nous aussi nos mouvements, car la musique s’insinue doucement en nous et que la température monte. Le groove gagnera encore en galbe avec l’explosif « Cosmic Ride Of The Crystal Skull », une bête tailler pour la course et qui du haut de ses quatre minutes respire l’efficacité et l’appel au déchainement. Elle arbore pour sa part un côté Space qui nous éloigne de la tempête désertique pour nous projeter totalement ailleurs.
Nous pouvions jusque-là croire qu’avec cet album on s’ouvrait à une sempiternelle compilation de riffs accrocheurs et finalement rébarbatifs, mais « The Pilgrim Son » nous cueille au dépourvu. Il s’agit certes d’un savant mélange d’énormes sons stoners puissants mais également de voyages acoustiques spatiaux entremêlés de sections psychédéliques hypnotiques. Une piste qui catalyse au mieux l’essence de l’album. Comme le trio nous l’a appris depuis 2007, sa gamme s’avère large même si elle favorise les aspects les plus incisifs. Cette cinquième piste illustre à merveille cet équilibre subtil et comment autant d’éléments mélangés avec brio et méthode peuvent donner un morceau d’une telle qualité.
De manière générale, nous percevons avec Superskull une réelle volonté d’application sur l’écriture et la prod de ses titres, ce qui le propulse d’ores et déjà sur le podium de la discographie du trio. On perçoit les multiples couches qui se superposent, les différents niveaux de lecture avec une attention portée sur les détails. Ce qui rendra chaque nouvelle écoute plus intéressante que la précédente. À la différence de certains groupes aux morceaux accrocheurs, plein de riffs dévastateurs, mais qui finissent tous indéniablement par s’essouffler au bout d’un moment, Superskull se bonifie au fil des passages dans la machine, et dans l’oreille. Les deux premiers titres qui paraissaient de prime abord les plus intéressants sont désormais ceux sur lesquels on s’attarde le moins. On veut à la place s’émerveiller du groove bluesy de « Lone Wolf », se délecter de la balade trippante de « King Snake », ou encore frissonner du mordant de « Desert Sun ». Un nombre conséquent de pistes que l’on finit par louer, tant il est savoureux de sentir à la fois possible de se perdre, sans pour autant jamais s’ennuyer.
Superskull se résume donc au travail acharné de trois gaillards fidèles, qui après quinze ans d’expérimentation et neuf albums studio, effleurent du bout de leurs doigts bénis une forme de perfection. Un album d’une riche diversité musicale sans pour autant sacrifier la substance de base de Black Rainbows. De quoi conforter davantage le groupe dans sa position parmi les leaders du Stoner européen.
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