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Black Sabbath – Black Sabbath

La version que je chronique est l’édition européenne originale comprenant 7 titres dont la reprise Evil Woman. Je vous laisse le soin de vous balader sur le net pour découvrir les autres versions en fonction de leur distribution géographique et du label sur lequel le Sab se trouvait lors de telle ou telle sortie et ré-édition. Paranoid, Master of Reality, Volume 4 et Sabbath Bloddy Sabbath ne sont pas encore nés et le Sab n’est qu’un petit groupe du nord paumé de l’Angleterre avec seulement le temps d’un week-end pour enregistrer son 1er skeud.

1ère plage: chanson éponyme de l’album éponyme. C’est d’ailleurs sur base d’une jam qu’ils ont pondu ce morceau glauque baptisé Black Sabbath. Le groupe s’appelait Earth à l’époque et, pour des raisons de droits sur le nom, optera pour Black Sabbath. Ca démarre sur une ambiance de convoi funéraire sous une pluie d’orage rythmé par le timbre sobre d’une cloche dans le lointain. Ensuite, un riff de guitare lent et retenu vient donner sa touche à l’ambiance macabre. Il est à noter que ce riff comprend trois notes: une tonique, son octave à l’aigu et enfin une note 3 tons à mi-chemin entre les 2 premières, ce qui génère une dissonance. Ce genre de séquence musicale, lorsque la puissante église catho avait la main mise sur les arts et la culture, était prohibé en raison de sa prétendue filiation avec le malin. La totale, ce sont les “Oh no” désespérés ad libidem d’Ozzy pour marquer l’entrée dans le refrain et donc l’envoi du bois.

Bref, nos amis annonce d’emblée la couleur en 1970 pour une carrière au cours de laquelle ils ne cesseront de provoquer l’ire des lobbies chrétiens sur les 20 années suivantes. Ajoutez à cela la croix à l’envers à l’intérieur de l’album original, un poème bien dark ainsi qu’une femme mi-sorcière mi-zombie sur la pochette, et vous obtenez un bon mix représentatif des films d’horreur dont le public était friand à l’époque.

Les 2 plages suivantes nous montrent que le groove fait partie intégrante du jeu des musicos. 4e plage, la sublime intro à la basse sur effet de wah-wah passe le relais à un riff de gratte grave et couillu. Le refrain est sobre mais profond dans ses lignes vocales. Iommi nous balance un solo splendide dans le bridge. Sans doute le morceau le plus proche des lignes éditoriales de ce site. La reprise Evil Woman navigue dans les eaux plus directes du boogie et son refrain aux accents 60’s nous envoie d’agréables senteurs d’encens.

Si l’on considère les 5 premiers albums du Sab, on pourrait éventuellement dire que Sleeping Village est au Sab ce que Dazed and Confused est à Led Zep: un long trip musical marqué par diverses séquences selon une suite homogène. Passionnant pour les aficionados mais à gerber pour les futurs punks à venir dans les années 70.

Le dernier morceau intitulé Warning pourrait passer pour la plage inutile à la première écoute de son intro simplement blues en son clair. Mais ce serait trop facile. Iommi bifurque rapidement vers un arpège aux accents médiévaux pour ensuite partir dans un riff/solo d’introduction qui ne verra l’apparition de la basse et de la batterie qu’après un feedback de gratte savamment maîtrisé. C’est d’ailleurs là qu’on se rend compte de la précision rythmique et de la complicité du trio Iommi/Butler/Ward. Ozzy pose sa voix aisément mais pour un court instant, une sorte de bonsoir aux allures de reviens-y. C’est d’ailleurs ce qui se passera dans le courant de la même année avec le 2e opus Paranoid.

Cet album, même s’il est met en avant un côté sombre évident, reste quand même le fruit de blues jams et autres boogie sessions durant l’année 1969. Ce qui est par contre déjà une marque de fabrique du Sab et le restera, c’est sa section rythmique en acier trempé avec un batteur ponctuant les temps forts à coups de gourdins sur ses fûts et une basse ronde et groovy qui tapisse avec précision le spectre sonore de ses basses fréquences.

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