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Blue Explosion – Tribute To Blue Cheer

1968. San Francisco. Après s’être épanoui dans un climat de contestation politique, de sexe à gogo, d’usage effréné de drogues, le mouvement flower power se vautre dans le sordide : Haight Ashbury, bastion hippy, désormais sous l’emprise de la pègre, des rites sataniques, des émeutes, vit ses dernières heures. La chimère d’un monde de liberté totale s’évanouit définitivement. C’est dans ce contexte socio-politique qu’arrive « Vincebus Eruptum». Pure déflagration sonique d’un trio nommé Blue Cheer. Les adorateurs de Bob Dylan en furent pour leurs frais. Larsen, fuzz, cris, agressivité, provocation, énergie. Le négatif parfait des hippys. Black Widow a eu la géniale idée de leur rendre hommage pour payer son tribut aux pères du hard rock. On ne saurait les en blâmer. Au contraire. L’objet est sublime. On y retrouve encore la touche Malleus pour la pochette. 15 groupes pour 16 reprises. Toutes sont magnifiques (hormis celle des pénibles Rise and Shine). La grosse majorité des groupes ne touche pas aux versions originales et les jouent souvent avec ce son sec et âpre, caractéristique des albums de l’époque : Pentagram (qui a l’avantage d’ouvrir et de fermer le disque), Internal Void, Thumlock, Fireball Ministry, Norrsken, Wicked Minds, Space Probe Taurus, Drag Pack, Vortice Cremisi. Et il y a les audacieux qui se laissent aller à des aménagements assez libres de certains morceaux : Hogwash et son « Magnolia Caboose Babyfinger » superbement planant (je vous conseille également l’adaptation libre qu’en font Mudhoney) ; les argentins de Natas et leur desert sound délicieusement chaleureux, presque pop ; Garybaldi, une sorte de Hendrix italien qui s’est reformé pour l’occasion : très, très bien ; Standarte qui signe LA reprise de ce tribute : « Sandwich » qu’ils transforment en un monument de groove rock plus qu’exaltant ; Ufomammut qui a opté pour « Peace of Mind », morceau qu’ils réussissent à rendre longuement psychédélique avant de revenir au heavy style qu’on leur connaît en fin de morceau. Je confesse apprécier par-dessus tout les groupes qui innovent à partir d’un morceau original. En quantité, ce sont donc encore une fois les italiens qui se montrent les plus entreprenants. En somme, ce tribute est un must absolu par sa qualité historique et les possibilités qu’il ouvre à tous les stoner rockers du monde en tant que source d’inspiration infinie. Totalement indispensable, ce disque est une forme d’avenir.

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