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Borehead – Vita Est Morte Est Vita

Le label transalpin Argonauta est rarement le dernier à proposer des groupes intéressants, généralement jeunes et à découvrir. C’est donc avec une oreille attentive et intéressée (le label est rarement pris à défaut de bon goût) que l’on s’est penché sur le cas de ce jeune et discret trio londonien, à travers leur premier album, faisant suite à une paire de EP produits durant leurs quatre premières années d’existence.

Proposant quatre morceaux pour 43 minutes environ, on peut présumer que l’influence première du disque est assez éloignée de la discographie des Ramones. Le groupe se décrit comme un pourvoyeur de doom metal, mélangeant (je cite) space rock et blues psychédélique. Une fois n’est pas coutume, la bio s’avère assez fiable, et l’on entend bien tout cela sur leur galette : évoluant dans une configuration assez classique (guitare, basse, batterie) le trio œuvre en instrumental complet et tisse de longues pièces musicales sur la trame de riffs solides. La lenteur du socle dynamique convoque des influences stoner doom assez classiques, sans jamais verser dans le post-metal, malgré la froideur de la constitution musicale et de la production, bien sentie. Dans cet exercice, les rapprochements avec Bongripper sont inévitables. Si le trio anglais ne pourra pas souffrir la comparaison avec les illustres doomsters américains, que ce soit en termes d’efficacité, d’inventivité et de puissance globalement, ce rapprochement fait sens très souvent au fil de l’écoute du disque.

C’est en particulier le cas sur « Estate », titre introductif plus court et plus accrocheur, dont les arrangements notamment sur la fin du morceau rappellent le travail à deux guitares de Bongripper (du coup, oui, il y a triche, Borehead n’ayant qu’un seul guitariste…). Les titres suivants sont tous intéressants et les écoutes s’enchaînent sans temps faible et sans ennui côté auditeur : le travail d’écriture et de construction est bien présent et fonctionne bien, avec des morceaux qui prennent le temps de s’installer, pour mieux déployer un ou deux riffs principaux à chaque fois, et une évolution sur le temps long (entre 10 et 14 minutes) qui emmène l’auditeur dans différentes sphères émotionnelles, avec des passages plus lourds, légers, tendus, oppressants, libérateurs… On notera que le trio ne tombe jamais dans le travers de complexifier à outrance ses compos, d’accumuler les séquences, breaks et plans alambiqués : l’écueil paradoxalement trop facile de verser dans le « prog » est évité, ce qui en soi est un effort remarquable (l’efficacité plutôt que la quantité et la démonstration).

Borehead montre avec ce Vita Est Morte Est Vita qu’il a les bonnes clés pour se développer. Son approche musicale n’est pas inédite ni singulière, mais elle se retrouve assez rarement aussi affirmée chez d’autres groupes, a fortiori aussi jeunes. Avec des riffs encore plus efficaces (ils sont déjà pas mal) et un travail encore plus audacieux sur l’écriture (et la production, cruciale pour ce style musical), il pourra emmener sa musique vers des sphères encore plus ambitieuses. Mais en l’état, pour un premier album, la qualité est bien au rendez-vous.

 


Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

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