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Boris – Absolutego

Sous le prénom de Boris se cachent trois japonais complètement barges et une jolie fable contemporaine. Pour nous la raconter, Boris s’est fendu d’un morceau de soixante-cinq minutes qui a donné son nom à l’album, puis d’un second, « Dronevil 2 », qui dure près de huit minutes et basta ! Guitare et basse assènent de grands riffs monolithiques et répétitifs. De la batterie, on entend souvent rien de plus que les vibrations du timbre de la caisse claire. Un coup de grosse caisse égrené de ci, de là. Point. Le chant se borne à des hurlements sourds au lointain. Insidieusement, les guitares se mettent à hurler à leur tour sous l’influence d’une tonne d’effets. Des bruits métalliques s’entrechoquent. On se croirait dans une scierie en plein turbin au fond des Vosges. C’est la scierie de Boris et de ses amis. Veulent-ils ainsi prendre leur revanche sur la nature qui a infligé bien des souffrances à nos vertes forêts le 25 décembre 1999 ? On pourrait le croire. Tiens un coup de gong. En tout cas, il retranscrit une expérience traumatique. C’est sûr. Boris a morflé. Mais de quoi ? Ça y est, le batteur s’y met enfin et rejoint ses copains. Vingt-cinq minutes viennent de s’écouler. Lentement, un morceau se dessine. Et là on se dit qu’on a bien fait d’être patient. C’est outrageusement heavy. Boris débite à mort pendant dix minutes. Les machines-outils fonctionnent en cadence. Puis il est l’heure. Les potes de Boris rentrent à la maison. Boris lui, a du boulot à finir. Sa scie-guitare, monstrueuse, envoie un larsen continu. Elle tourne à plein régime puis s’évanouit. Par la fenêtre, un bourdon-basse intrigué s’introduit dans la scierie et s’approche de Boris. « C’est toi qui fait tout ce raffut ? » lui demande-t-il. Boris à peur. Dans le même temps, le vrombissement du bourdon exerce sur Boris un charme, proche de l’engourdissement, fort agréable. Boris est franchement épaté. N’écoutant que son courage, il se reprend et lance à son tour : « associons-nous ! ». Ainsi fut fait. Le bourdon féconda Boris. Et nous livre le nœud de l’histoire. Boris est enceinte. Et il ne se sent pas bien ces derniers temps. S’il y a une morale à cette fable, c’est qu’avec de bons amplis et quelques idées on arrive à faire reculer les frontières réputées infranchissables. Même lorsqu’elles sont posées par EARTH, puis SUNN O))). Sacré Boris va !

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