Bow Down To Your Masters est une série de live tribute par le label U.S. Glory Or Death Records, dirigé par Tyler Dingvell – par ailleurs chanteur de The Great Electric Quest – visant à rendre hommage aux cadors du heavy metal. Excellente idée s’il en est, le premier volume rendait grâce à Thin Lizzy en 2018 et permettait d’entendre Goya, Mos Generator, Duel, Wo Fat ou Egypt s’essayer sur « Jailbreak » ou « It’s Only Money ». Le second, paru en en 2021, pliait le genou devant Deep Purple et déjà les gros noms s’étaient évaporé au profit de groupes bien plus modestes, laissant Steak, High Reeper ou Red Wizard tenir le pavé. Seul Yob et Mos Generator surnagent dans le marasme stoner/doom, certes sympathique, mais loin d’être inoubliable, de ce second volume.
Alors qu’attendre de la troisième génuflexion, consacrée, elle, aux dieux metal absolus que sont Judas Priest ? S’il est évident que 99,9% des groupes de stoner connaissent et révèrent le groupe, déceler du Judas dans leur musique est souvent de l’ordre de l’infinie particule métallique, noyée dans un fort alliage de fuzz et de THC. Je rajoute à ceci qu’en matière de noms marquants, ce troisième volume relève pour le coup de la désertion absolue, façon grande débâcle de 1940. Derrière The Great Electric Quest, formation témoin, sympathique même si méconnue, et Mos Generator, toujours au rendez-vous, c’est la hess, comme on dit chez les jeunes. Quelques noms tout de même, Kyle Shutt de The Sword en one man band, Rob Dukes, ex-Exodus ou Ron Lipnicki, qui fût batteur chez Overkill. Pas exactement de la « A » list vous en conviendrez.
Mais qu’importe le flacon tant qu’on a l’ivresse, comme disent les amateurs de biture ; quel dommage cependant de n’avoir ici qu’une vieille sensation de gueule de bois. 16 titres des Metal Gods repris souvent façon répét’, avec quelques moments moins scandaleux que les autres : Ruby The Hatchett sur la ballade “Dreamer Deceiver” de Sad Wings Of Destiny, même si le guitariste aurait pu faire une prise supplémentaire, ça n’aurait pas été du luxe, “Ram It Down” de Monarch (aucun lien, fils unique), une transposition interessante de « Metal Gods » portée par la voix de Rob Dukes, et pour finir le groove lascif de Salem’s Bend sur « Killing Machine », avec bruit de perceuse en prime, de loin la meilleure relecture de l’album. Mais en dehors de ces quelques sursauts, l’ensemble se révèle, franchement, mais alors franchement anecdotique. Et le terme anecdotique a ici valeur d’atténuation pour le qualificatif craignos.
En même temps, soyons honnête, la démarche, aussi louable soit-elle était vouée à l’échec. Judas Priest a un chanteur de classe internationale (« je ne crois pas qu’un hétérosexuel puisse faire ce que je fais dans Priest” s’amuse Halford, histoire d’assoir un peu plus sa légende), une paire de bretteurs comme personne avant ni depuis et une musique qui – contrairement à celle des Dieux Sabbath – n’appelle pas vraiment à la relecture. La différence entre une matrice et un aboutissement, finalement.
On s’incline devant Judas oui, mais en silence, avec déférence.
Point vinyle
Il existe quasiment autant de pressages que d’Octaves dans la voix d’Halford, soit 5, plus un test press. Vous pouvez tous les avoir dans un Bundle 10 vinyles (deux de chaque parce que pourquoi pas) ou à l’unité sur le bandcamp du label. Tout ça vient des Etats Unis, va vous coûter un bras et ne verra jamais le diamant de votre platine, mais la passion ça ne s’achète pas. Et pour le reste il y a Paypal.
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