Si Riding Easy Record nous comble régulièrement de bonnes ondes avec des groupes comme Monolord, The Well ou encore Holy Serpent, il ne faut pas oublier que Daniel Hall, patron du label, est aussi un grand amateur de la scène rock américaine des années 60 et 70. Cette passion, il la concrétise depuis 2015 à travers les compilations Brown Acid qui ont pour but de dépoussiérer cette période bénie, parfois fantasmée, du rock et de nous faire découvrir ces groupes méconnus qui ont vécu aux côtés des Led Zeppelin, Creedence Clearwater Revival ou encore Grand Funk Railroad.
Ce onzième trip dans le passé se compose de dix artistes exclusivement américains avec un spectre musical allant de la soul à ce qui ressemblerait aux balbutiements du punk. La soul d’abord, exprimé à travers le chant et les cuivres de “I’ll Give You Love” (Grump). On pouvait déjà apercevoir Grump sur la huitième compilation Brown Acid avec une reprise d’Elvis Presley mais le groupe de Boston se distingue ici avec un titre énergique se finissant sur un riff aussi surprenant que tranchant, donnant envie que le morceau se prolonge un peu plus … L’empreinte punk est mise en valeur par Zendik et son “Mom’s Apple Pie Boy” très proche de ce que fera MC5 sur ces premiers albums, notamment au niveau des rythmiques rapides de la batterie et d’un chant plus mordant.
Entre ces extrémités, des titres comme “Somethin Else” (Adam Wind) et “Dancing in the Ruin” (Debb Johnson) viennent remplir la compilation de rock à tendance psychédélique avec des rythmes de basse groovy un brin hypnotisant. On retrouve aussi sur “Turtle Wax Blues” (Bagshot Row, nom qui ravira les connaisseurs de la Terre du Milieu même si on est loin des ambiances de la Comté) des riffs et un son particulier qui nous ferait aujourd’hui directement penser à la scène désert rock, et en particulier à son shaman Brant Bjork. Le titre “I Want You” (Minist’r) nous offre lui une phase au clavier, en sortie du solo guitare, qui aurait très bien pu apparaitre sur le Sabbath Bloody Sabbath de la bande à Iommi.
Ce Brown Acid, cru 2020, apporte aussi son lot d’étrangeté avec “Every Girl Gets One” (Crazy Jerry) qui entremêle son rock à la tension électrique et un échange téléphonique qui semble répondre au chant. Mais c’est le titre “In Wyrd” (Renaissance Fair) qui remporte haut la main la palme du voyage en bizarrerie. Cet acid rock composé de rythmes saccadés, de claviers qui oscillent entre ambiances médiévales et orientales et d’une flûte en roue libre, illustre bien cette liberté musicale de l’époque et vient faire écho aux ambiances psychédéliques des Doors.
Il faut bien entendu rendre hommage au travail réalisé par Riding Easy Record qui, au delà du travail de recherche et de mise en valeur de ces groupes oubliés par le temps, nous offre une compilation à la tracklist au final assez cohérente portée par un rendu sonore très bonne qualité. Il est clair que cette compilation viendra essentiellement intéresser les collectionneurs de raretés ainsi que les amoureux des années 60/70. En conclusion, Brown Acid propose de belles découvertes (pour ma part ce sera le titre de Debb Johnson avec ses cuivres apportant un groove jazzy au riff principal. Leur album éponyme datant de 1969 est d’ailleurs disponible sur internet et ça vaut le coup d’oreille) qui pourraient captiver les curieux de la scène stoner au sens large ainsi que ceux qui souhaiteraient fouiller dans les racines du genre.
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