Il y a moins de deux ans Bukowski déboulait sur la scène française, venu de (presque) nulle part, et recevait un consensus critique et public remarquable. Son esprit frondeur, ses emballées rythmiques et ses furieux riffs, le tout enrobé de passages de pur stoner, lui donnaient une aura de groupe phare potentiel de la scène stoner française. Encore un prétendant, se disait-on, avec le sourire. Le second album n’aura pas tardé, et les premières écoutes se sont enchaînées, la bave aux lèvres.
Ca commence sur un rythme un peu perturbant avec un « The Grand Opening » acoustique finalement assez modeste, associé à « The Midnight Son », gros mid-tempo « à la ricaine » quelque peu déstabilisant. Gros son, grosse prod, gros arrangements ; on a clairement monté le niveau, l’ambition est là. On retrouve un peu plus le Bukowski que l’on connaissait sur les titres suivants : riffs rageurs, chant impeccable (et pas d’accent ingliche à deux balles, ouf !), le gros hard rock des parisiens fonctionne. Les compos sont variées et bien accrocheuses, mais jamais le groupe ne se perd en route : l’ensemble est mastoc, un mur d’amplis inébranlable. Ca joue fort, vite et bien ; on n’en attendait pas moins.
Passées les premières écoutes, un constat s’impose toutefois : le genre musical du trio a évolué, et l’on se retrouve finalement avec un album de metal plutôt moderne, superbement exécuté, doté d’une prod superbe. Un très bel album de hard rock, vraiment. Malheureusement, le stoner-addict restera cette fois sur sa faim. Paradoxal de tomber sur un disque d’une si bonne facture et de se retrouver presque déçu ! C’est en tout cas le sentiment éprouvé concernant l’évolution musicale du groupe. Sans pour autant verser vers le mainstream (il n’y a pas de démarche commerciale, aucune ambiguïté là-dessus) le combo se détache toutefois des discrètes influences stoner que l’on retrouvait au détour de l’ensemble des titres de son premier album. Certes, des titres comme « Slugs and bats » ou « The Desert » sonnent plutôt bien à nos oreilles de desert-rockers, mais la plupart des autres titres s’en éloignent, au même titre que nos espoirs.
Ce disque reste néanmoins hautement recommandable en tant que superbe exemple de la qualité des groupes français : non seulement ça reste une galette qui déboîte bien, mais au-delà de la grosse machine qui dévaste tout sur son passage, la qualité des compos ne laissera personne de marbre. Ceux qui avaient (comme moi) beaucoup apprécié leur premier effort regretteront néanmoins qu’ils aient pris un virage un peu forcé pour s’éloigner du stoner qui transpirait de leurs amplis jusqu’ici. A mon avis, le ton doit être tout autre en live, où le groupe gagne probablement à être vu.
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