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Caskets Open – Concrete Realms of Pain

Caskets Open trace son discret petit chemin depuis plus de douze ans, depuis sa petite ville de Keuruu, perdue en plein milieu de la sauvage Finlande. Concrete Realms of Pain est son quatrième album, le premier sur le discret mais qualitatif label polonais Nine Records. On avait bien aimé les productions précédentes du trio, on s’est donc penché sur ce disque avec intérêt. Passé le cap psychologique de la pochette, entre premier degré WTF et second degré glauque, on retrouve le groupe qu’on connaissait, indubitablement. Pour celles et ceux qui n’ont jamais écouté Caskets Open, la première écoute est déstabilisante. D’abord parce que le groupe invoque de vieux démons oubliés et en particulier, de manière prépondérante, des échos de Type O Negative, très vite apparents. Ce son de basse dès l’intro de « Four Shrines » (ou encore sur « Pale Hunter » ou « Blossom ») donne des frissons en rappelant le jeu du géant vert. Quelques arrangements, lignes vocales ou autres détails ici ou là, mais surtout un travail d’écriture, qui reprend à son compte la lenteur et l’effort mélodique propres au groupe de Brooklyn, finissent de nous ramener quelques années en arrière dans la discographie de TON.

Mais Caskets Open va aussi piocher dans des inspirations plus variées, et notamment dans les branches hardcore old school, et en particulier des racines lointaines du NYxHC, via des accents emblématiques de vieux Cro-Mags par exemple (voir la fin de « Four Shrines » pour illustrer, ou la violence pure de l’intro du rageur « Tadens Tolthe »). Mais ce n’est pas tout, on retrouve aussi des choses plus rapides, avec des plans qui évoquent par exemple les Misfits, à l’image de ce couplet de « Riding on a Rotting Horse » (voire même de Danzig en solo, à l’image du son de « Tunnel Guard », et des lignes vocales ici ou là qui peuvent rappeler les intonations du Evil Elvis). Le tout baigne dans des tonalités sludge et surtout une ambiance doom poisseuse, emportée par un amour du tempo lent qui est quand même le dénominateur commun de la plupart des groupes de doom plus classiques. Caskets Open a beau évoluer dans ce spectre musical depuis au moins To Serve The Collapse (leur second album où ont commencé à apparaître ces rythmes rapides et nerveux), on peut affirmer qu’ils ont atteint une certaine maîtrise de l’exercice avec ce nouvel album.

De fait, si l’amoureux des influences sur-citées va inévitablement kiffer cette indéniable et réjouissante reconnaissance musicale, le produit fini s’avère, comme on l’imagine, un peu décousu. Certains titres partent un peu dans tous les sens, sans jamais vraiment se trouver, à l’image de quelques plages un peu plus faibles, comme « White Animal » ou « Tadens Tolthe » (ce dernier étant un exemple parfait d’un morceau qui comporte quelques très intéressants morceaux de bravoure, mais qui au global ne se retranscrit pas en une identité propre). A l’inverse, certains titres font mouche, en se reposant surtout sur un travail que l’on sent focalisé sur la mélodie et le riff (comme « Blossom », qui parvient à intégrer sans trop de mal un long break de pur hardcore thrashisant, ou « Soul Stained Glass », un titre bien maturé).

Concrete Realms of Pain s’avère au final être un album aussi rafraîchissant qu’il est rugueux musicalement. l’album n’est pas parfait, mais il n’y a aucun vrai raté, et à chaque fois, le groupe tente des choses et ne se bride pas. Par ailleurs, il convoque des échos que finalement on n’entend pas tant dans le doom « moderne », malheureusement, et en particulier l’influence de groupes comme Type O Negative, dont le talent mélodique et l’attitude feraient tant de bien à une vague doom qui depuis une ou deux décennies se prend un peu trop systématiquement au sérieux. Son écoute est donc tout à fait recommandable, à plus d’un titre : nostalgie, envie de nouveauté ou a minima d’inspirations un peu « alternatives », car au final il n’y a pas de révolution musicale non plus à l’horizon… mais ce décloisonnement, en soi, apporte des perspectives plutôt enthousiasmantes.

Note de Desert-Rock
   (7/10)

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