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Castle Rat – The Bestiary

Castle Rat on aime ou on déteste. Leur musique grandiloquente et leurs shows grand-guignolesques ne laissent pas indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant, qu’on les adore ou qu’on les rejette, il faut reconnaître qu’en très peu de temps, avec un seul album et une tournée européenne remarquée, le groupe a su s’imposer sur la scène des festivals metal en général et stoner doom en particulier.

Pour ceux qui auraient manqué un épisode, Castle Rat est un quartette américain, quintette sur scène pour le spectacle. Originaire de Brooklyn, le groupe surprend en choisissant les oripeaux médiévaux fantasy plutôt que l’imagerie d’un club de baseball. Classé du côté du doom épique, il s’aventure dans une veine héroïque que nous aurons l’occasion de détailler en parlant de The Bestiary, leur second album.

Lors de la sortie de Into The Realm, premier opus de Castle Rat, nous nous étions placés parmi les auditeurs bienveillants. C’est donc avec la même approche que nous avons abordé The Bestiary. Dès le départ, on constate que la première partie de l’album répond au cahier des charges du groupe et à nos attentes. Solos flamboyants sur “Phoenix I” et “Wizard” suivis d’un chant envoûtant sur “Siren”, refrains capables de galvaniser  les cottes de mailles de toute une armée . On imagine sans peine le jeu de scène qui accompagnera “Siren”, avec basse et guitare dos à dos devant une batterie hypnotique qui donne le ton. C’est toute la tradition heavy metal qui se déploie, dans le son comme dans l’imaginaire.

Doit-on en conclure que Castle Rat se contente de clichés ? La question mérite d’être posée. Mais plutôt que des clichés, le quartette incarne le kitsch. Non pas dans un sens péjoratif, mais dans celui d’un style qui recycle les codes galvaudés du métal pour les détourner et leur rendre une certaine noblesse par l’humour et le décalage. Chacun se fera son avis, mais il est difficile d’imaginer qu’une telle maîtrise vocale, un phrasé aussi envoûtant que sur “Serpent” ou encore la richesse rythmique de “Crystal Cave” puissent être le fruit d’un groupe limité.

The Bestiary est donc bien l’album de musiciens aguerris, pleinement en possession de leurs moyens. Cependant, puisqu’il est question de kitsch, il faut reconnaître que ce style n’est pas toujours des plus légers (Allez jeter un oeil à l’artwork de l’opus), et l’album en pâtit au fil de ses treize titres et quarante-huit minutes. L’énergie retombe et la seconde partie finit par lasser. La pompe de “Wolf II” comme celle de “Dragon” devient vite pesante. “Sun Song” n’est pas en reste et roule ses mélodies dans une boucle sans fin.  Ce n’est pas pour autant une mauvaise galette, loin de là, car elle regorge d’idées et d’intentions louables. On en vient même à se dire qu’au milieu de ce maelstrom heavy, il s’agit d’une version du metal épique ou folk assez maligne et raffinée pour qu’elle puisse être présentée à ses parents.

The Bestiary a d’ailleurs ce mérite d’abattre quelques frontières. Les amateurs de guitare trouveront leur bonheur dans les solos à répétition, notamment celui de “Wizard” ou de “Siren” (encore elle), tandis que les fans de folk metal savoureront les morceaux électro-acoustiques “Wolf II” et “Phoenix II” et pourront enfin faire partie de la bonne société et se targuer d’aimer aussi le doom.

Finalement, l’album Bestiary est plus que convenable. On prend plaisir à le parcourir dans sa première partie, puis on s’attache à dénicher les bonnes idées dans la seconde, sans jamais manquer d’en trouver. Quoi qu’il en soit, Castle Rat confirme sa position de héraut du folk doom, en mission pour défendre son royaume à coups de guitares et d’épées bâtardes vorpales.

Note de Desert-Rock
   (7/10)

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