En guise d’intro, un déluge sonore qui fait la part belle aux larsens et fracassements de cymbales, le tout ponctué d’un cri primal qu’on avait plus entendu depuis Iggy sur « T.V Eye ». Ca sent le souffre, l’adrénaline pure, la rage adolescente à peine canalisée. Le morceau s’appelle « Ventura Freeway » et effectivement, çà trace sec, laissant sur le bord de la route toute velléité de nuancer le propos. Les nuances, c’est pour plus tard. Pour le moment, il n’est question que de riffs sauvages, de solos incendiaires et de vocaux cramés. Le rock’n’roll peut encore être dangereux en 2006, ces quatre danois le démontrent avec brio.Alors que les percus hypnotiques qui introduisent « Where The Streams Collide » pourraient laisser penser que la grosse baffe assénée en guise d’ouverture n’était qu’un feu de paille, les guitares déboullent en force pour vous en remettre plein la tronche. Et on en redemande. Et ils ne se feront pas prier longtemps pour se laisser aller à quelques instincts primaires.Soyons présomptueux. Avec ce premier album, Causa Sui reprend les choses là où Monster Magnet les avait laissées avec « Spine of God ». Ni plus ni moins. Tout comme la bande à Wyndorf, ils remettent l’acid-rock et le psychédélisme au goût du jour sans néanmoins partir aussi loin dans les délires cosmiques. Et si on parle de psychédélisme, n’allez pas penser au patchouli, à l’encens et à toutes ces conneries de hippies. Vous trouverez bien un peu de sitar ou quelques percus mais leur truc, c’est surtout le son de guitare bien gras qui évoque plus le ronronnement d’une Harley en vitesse de croisière que les promenades en sandales dans les champs de fleurs. Ce qui n’empêche pas les compos hyper-soignées exécutées avec une maîtrise irréprochable. Et puis ces mecs n’ont peur de rien. Ni de faire un morceau soutenu par un harmonica survolté, ni de pondre des titres de plus de 12 minutes pendant lesquels on ne s’emmerde jamais grâce à leur talent pour monter lentement en puissance avant d’exploser à coups de riffs libérateurs. Seul « Workings of the Great Blue Swells » qui clôt l’album pourrait vous inciter à imiter Morrison dans sa célèbre danse de shaman complètement allumé, mais la plupart du temps, les passages calmes (entendez par-là ceux plus propice à la consommation de substances hallucinogènes) ne sont que prétexte à mettre en valeur la déflagration sonore qui suit. Il n’y a que sept morceaux sur cet album mais c’est largement suffisant pour convaincre que l’on tient là un groupe au potentiel énorme. Un must. Foncez.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)