Voilà quelques temps que nous n’avions pas discuté de Clouds Taste Satanic ici, sans doute trop occupés par une mission supérieure lors de la sortie de leur précédent album l’an passé. Je suis cependant persuadé que le quartette psychédélique de New York nous pardonnera (comme s’ils pouvaient en avoir cure) avec l’écoute attentive et dévouée de leur nouvel opus 79 A.E.
Coutumiers de la piste à rallonge, les Américains ne nous ont pas laissé d’autre choix que d’invoquer en préambule de l’écoute le fameux “Pas ce soir, chérie, j’ai Clouds Taste Satanic”. A plus forte raison lorsqu’on s’attaque à 79 A.E., un album de 45 minutes divisé en deux pistes d’égales longueurs. Autant vous dire que pour aborder l’œuvre, on ne peut pas s’y prendre à plusieurs fois. Il faudra disposer de temps et d’une totale capacité de concentration.
On aurait pu s’attendre à deux fois 22 minutes de redites, mais ça aurait été sans compter sur l’ingéniosité des quatre gonzes de New York. On navigue ici entre un psychédélisme intersidéral et du stoner pur jus. Le tout est 100% instrumental et fait la part belle à une section rythmique où la basse écrase tout sur son passage mais laisse tout de même aux six cordistes l’opportunité de s’exprimer avec subtilité, comme lorsque sur “Collision” la saturation s’atténue pour un peu de légèreté électro-acoustique ou les envolées lyriques d’un solo tout floydien qui conclut la piste avec force majesté.
Cet esprit issu de Pink Floyd, poncif du genre, on le trouve en redites perlées tout au long de la seconde piste, “Reclamation”, durant laquelle le groupe effleure même des sonorités post-rock en alternant avec de bien plus méchants riffs grassement metal et mid-tempo. On est bien loin d’un bloc musical, plutôt l’enchevêtrement d’idées variées qui se répondent les unes aux autres au sein d’un même grand tout délicat à digérer au final.
Clouds Taste Satanic livre avec 79 A.D. un opus captivant mais bourratif. Casse dalle sans doute nécessaire pour explorer les confins du psychédélisme et du stoner en naviguant entre influences évidentes et parties instrumentales de choix. C’est une expérience immersive qui impose une écoute attentive et prolongée pour en saisir la profondeur. Un disque à réserver aux amateurs de sonorités progressives et de voyages musicaux intenses.
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