La nouvelle livraison de Clutch met les points sur les “i”. Alors que “Robot hive” leur prédécesseur montrait une variété de tonalités musicales inédites, et une maîtrise remarquable de bout en bout, “From Beale Street To Oblivion” récupère tout ça, mélange le tout, et le rebalance comme un uppercut en pleine gueule ! Comment sinon expliquer le démarrage du disque par deux titres qui ne dépassent pas les 3 minutes ? On se rappelle du début de “Pure Rock Fury”, qui marquait un virage dans la carrière du groupe, le faisant passer d’un combo assez “direct” à un groupe plus posé, à la recherche du riff ultime, du groove céleste, et du jam qui transcende le tout. Nouveau virage, donc, avec ce disque qui, en fait, prend le meilleur de leurs derniers albums précédents, et le canalise dans une veine plus directe, plus franche, plus homogène aussi.
Et pourtant, il y en a pour tout le monde ! Si les premiers titres sont plus “In Your Face”, et que “The Devil & Me” sonne comme du Clutch, pur jus, la première “balade”, “White’s ferry”, sonne simplement terriblement juste. Mais c’est avec “Child Of The City” que la bête se réveille et prend son ampleur : ce monstre de morceau ravage tout sur son passage, avec son riff volé aux meilleures heures de ZZ Top, ses passages de slide, d’orgue et d’harmonica orgasmiques, la chanson dégueule de boogie, totalement vicieux. Wow! Clutch s’essaiera d’ailleurs à nouveau à la slide pour un autre grand moment de l’album, “When vegans attack”, aux influences sudistes assumées (le groupe a décidément beaucoup tourné avec Five Horse Johnson). Chacun de ces deux morceaux justifie à lui seul l’achat de l’album. D’autres grands moments sont encore en réserve avec un “Black umbrella” gorgé d’orgues et d’harmonica, aux relents soul discrets et bien sentis.
Les premières écoutes ne font que confirmer que le talent instrumental du quintette (je pense qu’on peut désormais dire que Mick Shauer, l’organiste, fait partie du groupe, et c’est pas volé) est toujours la clé de voûte de la musique de Clutch, renforcée par un sens du riff et du groove poisseux constamment mis en avant. Pas de révolution, donc, de ce côté-là. En revanche on notera l’excellent boulot de Joe Barresi (QOTSA, Tool, Melvins) derrière les manettes, qui apporte une dimension redoutable à la musique du groupe.
Comme une évidence, “From Beale Street” se positionne en synthèse parfaite des 3 derniers albums du groupe, avec un recentrage efficace vers l’essence de Clutch : finies les tentatives country ou blues, Clutch refait parler la poudre, et y met les moyens. Un des meilleurs albums du groupe, peut-être le meilleur. Vous savez ce que ça veut dire.
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