Clutch est un groupe tout simplement énorme en concert. Plus par assurance que par arrogance, ils enquillent avec ce “Live at the Corner Hotel” tout simplement leur troisième double-album live en moins de 3 ans, ni plus ni moins. Même si les 2 derniers relèvent plus de “l’opportunité de captation” : du matériel d’enregistrement lors de leur tournée australienne, une boîte sympa qui leur propose de sortir le disque dès la fin du concert, “brut de décoffrage”… Clutch ne s’embarrasse pas de plus de formalisme… pour notre plus grand bonheur !
Comme on en a l’habitude, ce concert n’a simplement rien à voir avec les précédents : à l’aise dans ses baskets, Clutch joue avec ses set lists comme un gamin avec ses Lego, et c’est bien là l’un des facteurs qui rendent chaque concert de Clutch si mémorable et précieux.
En l’occurence, on s’attend à ce que le groupe honore principalement ici ses dernières galettes, ce qui nous ravit par anticipation… Ainsi défilent les premiers titres extraits des dernières parutions vinyliques du groupe, la bave commence à nous couler des lèvres, on frôle la jouissance en arrivant à “Mob goes wild”, dans une version implacable… Mais dès la plage 6, c’est “Retour vers le futur” : on commence à enquiller une série d’extraits de leurs 3 premiers albums, et chaque nouveau titre nous fait écarquiller les yeux un peu plus ! Ces titres, a priori plus “faibles” que les dernières productions du groupe, se voient transformés, ré-appropriés par un groupe tellement à l’aise dans son back catalogue qu’il le remet intégralement au goût du jour auprès d’un public probablement éberlué par cette aberration “commerciale” : quel groupe normalement constitué, qui aligne depuis quelques années les sans-fautes discographiques, se permet de composer plus de la moitié de sa set list à partir de titres datant tous de plus de 10 ans ??
Evidemment, les prouesses techniques du combo ne sont plus à louer : l’exécution des titres est non seulement impeccable mais surtout ravivée, ragaillardie, notamment par l’incorporation totalement “digérée” d’un clavieriste de moins en moins considéré comme “la 5ème roue du carrosse”…
Bref, on ne savait pas à quoi s’attendre en se laissant absorber par ce disque, et résultat : on s’est laissé avoir comme des bleus, encore surpris par l’un des groupes les plus sincères, doués et audacieux de ces dernières années. Toujours pas lassé de Clutch, on attend toujours le faux pas, mais le groupe semble bien accroché sur la voie de l’excellence…
A noter qu’une longue interview de Neil, sympathique, vient remplir la deuxième galette…
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