Depuis 2 ans environ, Clutch a sorti une poignée d’albums live (délectables), de projets parallèles (Company Man) et d’albums du Bakerton Group. Rien que ça. Ceci ne les pas empêchés de rentrer en studio, avec une inspiration décuplée, pour en ressortir avec son neuvième album sous le bras, “Strange cousins from the west”… et ce n’est pas leur plus mauvais !
Première surprise : Mick Schauer, le clavieriste discret que l’on croyait incorporé au groupe de manière définitive, n’en fait plus partie. L’effet direct sur la musique est bien présent, et on le constate dès la première écoute : ces dix titres sont issus du même tonneau, d’un groupe manifestement “resserré” autour de l’essentiel, à savoir quelques cordes, un peu de lutherie électrifiée, des baguettes et des peaux de bêtes tendues. Et ça suffit.
Là où les albums précédents se dégustaient sans compter, et culminaient tous par l’apport d’une à deux perles d’exception, “Strange cousins…” se déguste dans sa globalité, sans temps mort. La galette commence “là où tout a commencé”, ancrée dans le Sud, sur les notes d’une steel guitar qui s’entremèlera tout au long de “Motherless child” avec l’infectieuse guitare de Tim Sult, jusqu’au solo de fin plein de groove. Le travail de JP Gaster sur ce titre est hallucinant : bien suivi par Dan Maines à la basse, le duo enquille une série de breaks et ruptures de rythmes que l’on remarque à peine lors d’une écoute normale… Le boogie lancinant et saccadé 100% typique de Clutch est incarné ensuite par l’épatant “Struck Down”. On aura du mal ensuite à faire ressortir un titre plus qu’un autre. On notera quand même “Minotaur”, un titre particulièrement heavy, qui se révèle une vraie prouesse instrumentale, tant le morceau est plein “d’air”, avec une prod simplissime où chaque instrument occupe une part modeste et ciblée de “l’espace son”, un petit tour de force. La maîtrise absolue du groove, à la limite du funk rock, typique du quatuor, trouve une incarnation complètement emballante dans “Freakonomics”, encore une fois portée par la frappe chargée de technique et de feeling de Gaster.
Bref, la dernière galette de Clutch se révèle l’une des plus abouties de leur carrière, l’une des plus mûres. Plus longue à digérer, elle se révèle après de nombreuses écoutes de plus en plus passionnante. Les fans de Clutch n’ont aucune hésitation à avoir. Quant aux autres, j’aimerais être à leur place rien que pour avoir l’opportunité de découvrir le groupe par l’intermédiaire de ce disque. Encore un coup de maître.
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