Malgré des états de services hors du commun Colour Haze ne s’est jamais reposé sur ses lauriers et a donné au monde avec régularité de beaux albums sans cesses réinventés tout en conservant une relative stabilité. Pour son quinzième opus, le groupe de Munich continue son auto-portage sur le label du guitariste et chanteur Stefan via le label Elektrohasch Records. Cette fois-ci, le groupe embarque un changement qui pourrait impacter sa musique, le bassiste, Philipp qui a officié au sein de la formation durant 22 est remplacé par Mario Oberpucher. L’info était connue depuis deux ans et il était donc temps que l’on puisse se rendre compte de ce changement de Line up qui vient compléter celui de 2018 où débarquait au milieu du groupe un nouveau membre, Jan Faszbender, clavier de son état. Le Colour Haze nouveau serait-il arrivé? Commençons déjà par apprécier ce Sacred avant de lui chercher quelque absolue originalité.
On pourrait dire de Colour Haze qu’il est le porte-drapeau du Krautrock moderne, Sacred confirme partiellement cette voie. L’album n’est pas une révolution à proprement parler et Colour Haze peaufine son savoir-faire psychédélique et posé. Cependant à faire défiler les pistes, transparaissent ses origine stoner comme sur “See The Fools” ou “In All You Are” qui interpellent par d’intenses passages plus lourds et très saturés. Rien de bien neuf sous le soleil me direz-vous, puisque c’est l’habitude du quartette. Possible Et ce n’est pas forcément ce que l’on attend d’un groupe qui a fait ses armes depuis belle lurette. Il existe d’autres faits saillants, comme la voix de Stefan, toujours plaintive mais plus présente, plus éraillée aussi, ce qui s’était déjà entendu sur le précédent opus, We Are. La partielle retenue du clavier s’allège cette fois et accompagne le groupe vers des descentes vertigineuses et lysergiques sur “Ideologigi” tout en prodiguant son savoir-faire en touches parfaitement maîtrisées en fond de Turquoise comme d’Avatar. Pour le reste le changement de joueur à la basse n’apporte pas pour l’heure de renouveau, une continuité parfaite de ce côté-là, donc.
La qualité de Coulour Haze comme à chaque nouvelle sortie ne se situe pas dans une recherche de nouveauté, mais dans la maîtrise de l’ensemble instrumental, dans l’imbrication de chacun au cœur des compositions, un parfait équilibre que rien ne semble pouvoir déstabiliser, ce qui n’est pas une gageure alors que l’on vient de vivre deux changements de line-up sur un temps relativement court (Au vu de la longévité de la formation). Le son de Sacred est profond, enveloppant, on a le sentiment de se trouver pris entre les amplis du groupe et la vibration en est toute live, Organique sur le semi acoustique de “1.5 Degrees” qui révèle chaque mouvement des doigts sur les cordes, puis le bourdonnement de l’ampli après une explosion saturée lourde et quasi doomesque. Enfin l’envolée de “In All You Are” clôture parfaitement l’album. Il y a dans ce dernier morceau de l’âme et du cœur, tout ce qui fait de Colour Haze un grand groupe qui conserve toujours sa place parmi les headliners du genre.
Sacred est probablement à classer parmi les meilleurs albums du groupe, il est équilibré à souhait, inclusif au possible et de fait je gage que peu de ceux qui viendront poser l’oreille sur l’œuvre ne seront pas séduits. Sacred est aussi un album humble à l’image du groupe, il sort sans esbroufe ni grand renfort de publicité. C’est est une pulsation de vie supplémentaire à apporter à sa discothèque, une bouffée d’air vitale que l’on apprécie sans trop y penser, jusqu’à ce qu’intervienne la nécessaire prochaine sortie d’album de Colour Haze.
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