Dois-je repréciser tout le bien que je pense de l’Italie ? Ses pâtes, son parmesan, son pain à l’huile frotté à l’ail, ses tomates séchées, etc. Outre un pôle culinaire pour lequel je me damnerai volontiers, il semblerait bien que l’Italie soit en train de constituer un pôle musical incontournable si l’on en juge la qualité de cette compilation du tout nouveau label milanais Redsun. 14 titres. Probablement la meilleure compile du genre qu’il m’ait été donné d’écouter par son homogénéité. Elle mêle astucieusement valeurs montantes déjà établies et valeurs montantes en voie de reconnaissance. Difficile d’en dire autre chose de manière globale. Entrons donc en précision. Passons sur les flamboyants Spirit Caravan ou Unida que j’ai déjà largement évoqués dans le numéro précédent. Ils sont à la hauteur de leur réputation (titres non originaux toutefois). C’est Solace, qui ouvre très pertinemment ce disque avec un titre percutant, qui augure de la qualité de l’album à venir. La palme de l’innovation revient sans conteste à Ufomammut et Core qui proposent un dépassement du stoner rock vers des formes plus spatiales pour le premier (largement au-delà du rayon d’action de la Nasa) et plus jazzy-percussions pour le second. Du très, très bon. Pour le ratatinage sonore optimal, on citera Acajou qui nous propose là un titre de très haute tenue avec une puissance de feu inégalée, Beaver et son chant toujours très pop lorgnant du côté de chez Josh Homme, Las Cruces, bande de chicanos amoureux de Trouble et de Sabbath et Church of Misery japonais adorateurs de Sleep. Les italiens éclectiques d’Hogwash donnent cette fois-ci dans ce que l’on pourrait appeler du stoner pop d’excellente facture tandis que The Atomic Bitchwax (second groupe d’Ed Mundell, guitariste de Monster Magnet) développe lui aussi un thème un peu plus léger et rock’n’roll que l’ensemble. Kai’ckul, Red Giant et M Squad font partie des groupes que j’apprécie le moins sur ce disque quoiqu’ils proposent à leur manière une nouvelle manière de traiter le heavy rock. Plus alambiqué, façon Victims Family qui m’a toujours ennuyé, mais qui devrait plaire à tous les esprits tortueux. Pour conclure, disons que ce disque retire enfin au américains une part de leur suprématie en matière de rock’n’roll. Il atteste de la vitalité et de l’inventivité inouïs que recèlent les groupes européens et italiens notamment. En effet, les ricains ont pour habitude de nous balancer des gnons soniques régulièrement. A force d’en distribuer autant, il fallait bien s’attendre à ce que quelqu’un leur en renvoie un jour où l’autre avec une intensité décuplée. Ce jour là est arrivé. Les néerlandais de Beaver les égalent et les italiens d’Ufomammut et d’Acajou les dépassent carrément. Italie nouvelle patrie du stoner rock ? En deux mots comme en mille : Forza Italia !
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)