Si les terres arides espagnols peuvent rappeler les désertiques étendues californiennes, le peuple ibérique n’est pas (encore) pour autant reconnu pour sa scène rock qui dépoussière les cactus. Pourtant parmi ses fiers portes étendards on ne trouve pas que des lézards nouveaux nés mais aussi des caméléons à la couenne rompue par le live et qui depuis maintenant 10 ans sait changer de formes et de couleurs pour s’adapter à l’Epreuve de la vie de groupe: les line-up mouvants. Depuis 2006 Craneon fait parti de ses reptiles qui survivent à la rudesse du genre.
2 démo, 1 EP et maintenant leur premier album “Hacia El Sol” paru à l’origine en 2014, les madrilènes ont partagé la scène avec de beaux morceaux de choix comme Karma to Burn et Deville et plus récemment se sont évadés en terres françaises avec Soundcrawler. Pas les perdreaux de l’année donc et leur activisme pour le genre ne s’arrête pas là avec même un festival monté de leurs propres mimines. Pour leur premier album les espagnols ont léché leur production. Les guitares tantôt cristallines tantôt tranchantes mènent les débats d’envolés mélodiques à arpèges entêtants. On sent la volonté du trio de sortir l’album qu’ils avaient en tête et de ne pas se sentir frustrés à sa parution. Les arrangements foisonnent entre licks mutins, travail rythmique et ambiance sonore. Hacia El Sol se découvre comme une BO d’un blockbuster des années 80 qui mêlerait les influences 60’s à la scène dite grunge des 90’s.
Véritable voyage sonore de par la variété des titres et par ce chant espagnol qui n’est pas à négliger dans l’identité du groupe, Craneon nous emmène par monts et par vaux entre passages pop psychédélique, stoner franc du collier et rock classic burné. C’est évidemment dans les passages les plus velus que l’on se retrouve le plus, le groupe noyant malheureusement parfois ses morceaux dans de gluants moments plus rock indépendant FM ( référence à la clique de groupe rock MTV des années 2000…) qui sans être inopportuns coupent un tant soit peu le plaisir. Le trio a toutefois plus d’un tour dans leur sac et savent manier lourdeur et groove à bon escient particulièrement dans les moments plus instrumentaux. A noter l’apparition du chanteur/trompettiste du groupe Pendejo qui le temps d’un morceau nous emmène toujours plus loin dans l’escapade musicale.
Un premier album très éclectique donc, plein de promesses, plein de possibilités pour le futur. D’une qualité constante dans la production et la composition, Craneon gagnerait certainement à resserrer le propos pour plus d’efficacité. De beaux morceaux de choix néanmoins, presque tout est bon dans le Craneon.
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