Habituellement, les bougies et l’encens sont plutôt réservés à une séance de massage californien. Mais depuis peu, la panoplie de l’aromathérapeute s’est invitée chez une pléthore de groupes qui pensent pouvoir ainsi donner de la profondeur à leur musique alors qu’ils feraient mieux de poser leurs guitares et de sortir les huiles essentielles parce que, décidément, la musique n’est pas faite pour eux . C’est pour cette raison que je me méfie de la récente recrudescence de ces groupes jouant la carte de l’occultisme d’occasion, qui décident de jouer avec des capuches après avoir vu un documentaire sur Aleister Crowley. Ajoutez le mot « Buddha » au nom de votre groupe, et on fait un pas de plus vers le bord de la falaise du bon goût. Heureusement, II, le nouvel EP de Dark Buddha Rising sort chez Neurot Recordings, un label AOC 100% qualité certifié bio et sans OGM qui se plante très rarement sur la came. Ouf, sauvé.
Les cinq membres de DBR viennent de Tampere en Finlande et font tous partie de plusieurs groupes de tous horizons (notamment de Hexvessel, un groupe de folk psyché). Les gars partagent aussi leur salle de répét’ avec Oranssi Pazuzu. Bref, toutes ses infos moyennement utiles pour dire que la ville de Tampere est une ville très riche musicalement. II fait directement suite à la toute première sortie du groupe, logiquement intitulée, je vous le donne en mille, I. Pas con ces finlandais. II est un EP de deux titres sobrement appelés “Mahathgata I” et “Mahathgata II”. Comme le laisse comprendre l’imagerie du groupe, DBR évolue dans un univers sombre et psychédélique, où les morceaux s’étirent longuement et baladent l’auditeur entre coups de massue, hurlements et incantations divines. Le premier titre ne se base que sur un ou deux riffs, joués en boucle et rallongés jusqu’à l’atteinte du nirvana sonore. Le deuxième morceau laisse de côté le riffing pour développer une musique d’ambiance beaucoup plus méditative et planante, à gros renforts de multiples voix païennes chargées d’échos, de vibrations stomacales, de couinements pulmonaires et de bols chantants. Pour autant, impossible de se relaxer dans ce climat toujours inquiétant et oppressant.
Le premier titre de II reste finalement assez classique et on regrette un peu que le groupe n’ait pas tenté de creuser plus profondément le mélange entre le Tibet et l’Enfer. “Mahathgata II” est quant à lui plus convaincant, même si l’on quitte largement les frontières du doom pour entrer dans l’ambient. Un disque à moitié convaincant d’un groupe qui reste quand même à surveiller.
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