2021… la pandémie de Covid… vous avez le tableau ? Confiné à Berlin, Nick DiSalvo cherche aussi une motivation pour ne pas dépérir. Au lieu de faire son propre pain, le guitariste et chanteur d’Elder va plutôt se lancer dans un projet solo nommé Delving. L’objectif musical est simple : il n’y en a pas, hormis expérimenter et sortir du schéma de composition pris avec Elder. Le résultat ? Un premier album 100% instrumental, Hirschbrunnen, qui aura été une des meilleures bouffées d’air frais de cette année 2021, mélangeant avec délicatesse des éléments rock psychédélique, kraut et électronique. Pensant que le projet se rapprocherait d’une oneshot qu’a été le projet commun avec Kadavar (Eldovar), c’est donc avec enthousiasme et sans réelle attente que l’on a accueilli ce second album, All Paths Diverge, qui a commencé à se dévoiler avec le titre “Zodiak” sorti fin juin.
Tout comme son prédécesseur, All Paths Diverge est un album instrumental, format qui donne toute liberté créative à Nick et lui permet de ne pas avoir à se soucier du chant. Cela nous donne 7 titres dépassant presque tous les 7 minutes, et qui prennent donc le temps de se développer. Autre point commun, l’ensemble des instruments est géré par le monsieur à l’exception de quelques claviers et la présence de son compère d’Elder Michael Risberg sur le titre “Zodiak”. Respect donc, d’autant plus que chaque instrument étincelle sur cet album.
Car oui, maintenant que les présentations sont faites, on peut tout de suite dire que All Paths Diverge est une petite pépite éblouissante et pleine de belles choses. L’album démarre avec un “Sentinel” qui rappelle Hirschbrunnen par ses mélodies simples et douces que l’on retrouve ensuite sur “Omnipresence”. Ce second morceau bascule cependant rapidement vers des sonorités qui font rapidement penser à Elder et à leur dernier album Innate Passage. On retrouve notamment ces riffs dansant autour des claviers, de la batterie et par certains endroits, sur “Zodiak” ou “Chain of Mind” notamment, ce côté heavy un poil épique. Cette association paraît logique aux premiers abords mais étonne car elle se découvre petit à petit et est plus marquée que sur le premier album. Comme si certaines idées trottent encore dans l’esprit de Nick DiSalvo et venaient prendre forme ici. Cela se traduit aussi par une influence plus forte des guitares sur l’album et par la présence de plusieurs solo, parfois camouflés sous les synthés, mais tous d’une justesse qu’on pourra qualifier d’habituelle !
Il y a une sensation de maîtrise dans la musique proposée par Nick. La longueur des morceaux leur permet d’être aérés et de poser chaque ambiance avec efficacité. On le ressent très bien sur le titre “New Meridian”, qui doit bien consister à moitié sur la préparation de la mélodie culminante et de sa redescente, mais la meilleure démonstration est cet implacable tandem “Zodiak” / “ The Ascetic”. La progression de “Zodiak” à travers différents riffs nous emmène dans un voyage fabuleux, voire même une aventure au vu de l’urgence que l’on ressent sur le premier riff du morceau. Et c’est sur un solo de guitare que le titre… disparaît littéralement dans le ciel. Tout s’évanouit, plus d’urgence, plus de pensée, on est comme devant un ciel sombre qui se dégage subitement pour nous laisser observer son infinité. Seules persistent de légères notes de clavier ou de guitare qui viennent faire scintiller les étoiles. On bascule dans le calme absolu et la méditation lorsque “The Ascetic” démarre et on a comme l’impression que l’album n’ose pas nous tirer de notre rêverie. Progressivement de nouveaux airs naissent et des lignes de basse viennent faire office de réveil et lancent réellement le morceau bien qu’ une certaine mollesse moelleuse persiste. Il faudra ce final en double solo guitare/synthé pour nous réveiller définitivement.
All Paths Diverge se déguste petit à petit, révélant de nouvelles saveurs à chaque écoute. Un rythme de batterie assez enlevé, notamment par rapport au premier album… un solo presque enseveli sous les nappes de claviers sur “Sentinel… les sonorités de l’introduction de “New Meridian”… et pour terminer l’album, une ambiance complètement folle sur “Vanish With Grace” en mode hip hop psychédélique ! Ce second album de Delving est une vraie réussite et un trip aussi reposant que stimulant. Et pour les fanatiques du rangement dans des cases… kraut, rock psychédélique, rock progressif… j’ai plus simple : Delving c’est à ranger dans le bac “belle musique” !
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