Contrée des Krisprolls et des meubles en kit, la Suède est aussi une terre musicalement et rockement fertile. Quoique, 5 ans pour nous pondre ce troisième album : on ne peut pas vraiment parler de fertilité à l’entame de cette chronique du nouveau Deville.
Ce premier opus à sortir chez le cultissime label Small Stone démarre très rapidement. Pas de chichis, Deville envoie le bois dès les premières secondes du terrifiant “Lava”, brûlot du genre à vous donner envie de laisser des traces de gommes sur l’asphalt. Même recette et même résultat sur le deuxième titre “Iron Fed”, morceau dont l’urgence n’a d’égal que la furie du docteur vert Bruce “Hulk” Banner.
Malheureusement, dès le troisième morceau, “In Vain”, ça sent le sapin (suèdois) et un calibrage radio susceptible d’émoustiller les programmateurs de RTL2 (dans le genre, “Let it go” remporte le ponpon haut la main). Avec ce nouveau chapitre, nos joyeux vikings ont en effet décidé de prendre un virage assez raide. Plus direct, moins fuzz, des parties vocales ultra-léchées… Deville semble aujourd’hui être au stoner “couillu” ce que la glace à la vanille est à la bière : éloigné.
Du coup, cette troisième offrande a le (_I_) entre deux chaises, partagée entre des racines stoner dont le groupe semble tenter (voire tenté ?) de s’affranchir et un devenir straight-rock (qui a dit pop ?) beaucoup trop propre pour être honnête. Un seul morceau suffit à illustrer cette ambiguïté : l’instrumental “Battles will Be Born” qui oscille péniblement entre le riff bien gras et le rock mainstream.
Que retiendra t-on de cette nouvelle galette alors ? Pour les purs et durs, amateurs de grosses cylindrées et de route 66, pas grand chose finalement. Exception faite du titre d’ouverture, de (peut-être) “Over The Edge” et son riff ciselé selon l’école Arthur Seayienne et du semi- gâchis “Burning Tower”, morceau qui fait montre d’un énorme potentiel avec sa joyeuse cavalcade de guitares (tendance The Sword époque “Age Of Winters”), mais qui est coupé (saboté) en son milieu pas un passage dont la platitude n’a rien à envier à la poitrine de Marina Foïs, cet album n’offrira rien de bien consistant à vous mettre sous la dent.
Pour les autres, plus “ouverts”, cet Hydra ne vous rebutera pas, loin de là. Riche et varié, ce disque est un album d’excellente facture (même si – soyons honnêtes – il ne restera pas dans les mémoires comme étant l’album du siècle) qui saura trouver facilement sa place sur votre platine.
Nous sommes très loin, temporellement et musicalement, du “Hail The Black Sky”. Les suédois ont bien progressé, c’est certain. Mais ils ont malheureusement pondu un disque trop travaillé, beaucoup trop pour permettre à la gnaque de leurs débuts de s’exprimer.
Avec “Hydra”, Deville a donc accouché d’un album un peu trop éparpillé à mon goût. Mais le groupe de Malmö a aussi accouché de 2 excellents EP, de styles forts différents. Il y a juste un petit hic : pour nombre d’amateurs, un de ces EPs ne sera pas la came favorite.
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