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Deville – Make It Belong To Us

Deville, ce n’est pas les perdreaux de l’année. Aux prémices de l’engouement pour ce que l’on nomme aujourd’hui vulgairement le « stoner-rock », les norvégiens œuvraient déjà dans un stoner (cqfd) pur jus, mâtiné de bons gros riffs sur rythmiques bien calés. Signé sur Buzzville Records (si si, souviens-toi de ce label qui sortait de son chapeau des groupes aguicheurs) pour deux albums, la traversée du désert ne s’annonçait pas si aride pour le prometteur quatuor. Fatalement (parce que l’inverse tient de l’exceptionnel) des changements de line-up déboulent, les labels se perdent et soit le groupe s’arrête (comme bien d’autres), soit il se met un bon coup de pied au derrière et tente, ose, se pousse à aller plus loin. C’est ainsi que « Hydra » est né il y a maintenant deux ans. Quatre ans après leurs précédents efforts, Deville revenait plus rasé de près. Avec production aussi puissante que léchée et des titres, qui sans renier les dénivelés sablonneux, lorgnaient plus vers un heavy-rock calibré pour les autoroutes américaines.

Passé chemin faisant par Small Stone Records, les voilà chez Fuzzorama maintenant avec leur nouvel opus « Make it belong to us ». Deville confirme et signe leur tournant « propret ». On ne change pas une formule qui gagne et en 10 titres pour 37 minutes, inutile de tergiverser sur l’évidente efficacité qui règne dans le songwriting. Efficacité ne rimant certainement pas avec facilité ici, chaque morceau conjugue plans aériens avec fuzz massive, riffs bucherons avec passages clairs. L’ombre du mastodonte d’Atlanta des derniers albums n’est jamais bien loin, avec une fraîcheur toute foo fighterienne. Autour du chant porteur, le riffing est solide et s’appuie surtout sur une batterie variant son martelage de fûts pour capter l’esprit vagabond de l’auditeur qui se serait égaré au détour d’un énième arpège.

Parce que hélas c’est un peu là que le bas blesse. Parfaitement arrangé, matraqué en règle, avoiné en raison, « Make it belong to us » perd un peu en âme là où il gagne en pédigrée. D’un fier bâtard qui se pourléchait les babines de riffs de tous poils, nous voilà face à des titres racés, ramassés, maîtrisés parfaitement exécutés mais qui pêchent en charme. Ca claque monstrueusement bien pourtant, les mélodies et syncopées s’imprégnant dans votre esprit sans forcer. La variété ne laissant pas place à de quelconques prémices d’ennui. Deville envoie du très lourd et a du talent à revendre. Un album bourré de qualité qui s’écoute sans peine, pour les plus classiques qui s’encanaillent d’entre nous. Peut être qu’un prochain disque synthèse de l’œuvre norvégienne remettrait plus le groupe dans le chemin vers Sky Valley, néanmoins aucune raison de bouder son plaisir à s’écouter cet album à en faire trembler le pacemaker du voisin. Il n’y a pas de mal à se faire du bien.

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