En stase depuis 2015 avec A Shadow Called Danger signé chez Black Farm Records, c’est le retour sur scène de DoctoR DooM. Avec ce quartette français. Le titre doom semble usurpé, à ceci près que ça sonne coloré comme une couverture Marvel (Ironique au vu de la pochette quasi monochrome) et vient en quelque sorte s’opposer à l’Iron Man des prémonitions de Black Sab’. Si les deux appartiennent au même imaginaire, ils sont pourtant diamétralement opposés. DoctoR DooM évolue dans les sphères du psyché polyvalent mais ne laisse jamais poindre une quelconque apathie ou idée noire. Adossé à un tel patronyme cet opus avec Kent Stump de Wo Fat aux manettes du mastering a de quoi rendre curieux d’aller jeter une oreille sur cette plaque du groupe de Pamiers.
Le premier morceau mémorable arrive tôt, “What They Are Trying to Sell” passe de la guillerette sautillance des guitares et du clavier à des voix canailles qui petit à petit deviennent inquiétantes au fur et à mesure que les instruments appuient l’intention. Ce qui contraste avec l’enchaînement de la très calme et bluesy “Ride On” qui revenant aux penchants naturels de DoctoR DooM reprend du poil de la bête sur son outro. Poil auquel la formation s’accroche morceau après morceau, atteignant son point d’orgues sur “In This Town” dont le souffle épique ne semble vouloir s’éteindre d’un bout à l’autre du titre. Du côté de “Hollow” aussi ça souffle fort avec son thème comme un “Hotel California” sous stéroïdes injectés intracardiaque par une pompe faite de rythmes.
DoctoR DooM multiplie les intentions heureuses. Tant du côté du chant qui jouit d’une palette généreuse que du côté du clavier qui simule de l’orgue sur “What They Are Trying to Sell” que des violons sur l’avant dernière piste “In This Town”, pour mieux, sans doute, annoncer le titre de clôture, instrumental et majestueux, reprise de la “Sarabande” de Haendel qui servit de thème entre autre à Barry Lyndon de Stanley Kubrick, la classe à la française.
De prime abord A Shadow Called Danger peut sembler décousu. L’ouvrage est néanmoins bien produit d’un bout à l’autre et probablement que ses reliefs marqués dans les compositions peuvent dérouter l’auditeur. Il convient de saluer la hardiesse des musiciens qui se sont lancés dans une œuvre aussi légère que méticuleuse. Pas étonnant que Ripple Music mette la main dessus, tout du moins pour ce qui est de presser le format CD dès janvier 2023.
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