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Domadora – Tibetan Monk

Domadora est un trio 100% français, qui depuis plus d’un an se fait vraiment un nom dans la scène française (a mimima), à coups notamment de concerts mémorables. Le groupe est assez jeune au final, deux ans et quelques à peine, mais il ne manque pas d’une sacrée paire de cojones (enfin, de trois paires… enfin… bref, on s’comprend), qu’il pose bien là sur la table, en osant doter sa première galette d’un ornement plus que classieux, sous la forme de l’épique “Fall Of The Damned” de Rubens, une œuvre grandiloquente, roborative, majestueuse, dynamique, une œuvre mature d’un artiste qui n’a plus rien à prouver, un défi à l’époque, qui apportait un regard différent (en l’occurrence sur la caractérisation millénaire du bien et du mal)… Ben l’air de rien, “Tibetan Monk”, c’est un peu tout ça.

Quelques mois après son enfantement, et un passage par la case “auto production”, “Tibetan Monk” se voit enfin sortir (en vinyl pour le moment) chez Bilocation Records… L’album est un véritable OVNI au milieu du pourtant foisonnant et riche biotope stoner, qu’il soit français ou international. Le groupe ne ressemble en effet à aucun autre… et à plein d’autres à la fois ! On va pas se le cacher, à l’écoute de l’introductif “Tibetan Monk”, on faisait pas les fiers. Sorte d’intro “guitares en l’air, major chords à fond les ballons, et déluge de cymbales”, on dirait plutôt l’outro de tous les titres de AC/DC en live (vous savez, ces chansons qu’on ne sait pas finir proprement, alors tous les musiciens font un max de bruit pendant 30 secondes avant de se faire applaudir). Alors quand déboulent les onze minutes du bien nommé “Ziggy Jam”, on souffle, et on sourit. Parce que l’essence de Domadora, elle est là, en fait. C’est un trip, une grosse jam qui t’embarque en deux minutes, un truc un peu hypnotique qui peut te péter à la gueule à tout instant ! A ce titre, on pense évidemment à la posture musicale d’un Tia Carrera, ce combo qui ne joue jamais deux fois le même morceau, en tout cas jamais de la même manière, qui se lance dans des jams live sans jamais en connaître la fin à l’avance. Un peu plus structurés que les ricains sus-mentionnés, les frenchies n’en ont pas moins un goût immodéré pour les ambiances psyché à rallonge, étirées un peu dans tous les sens, et surtout susceptibles de s’emballer dans des contrées sinon inconnues, tout du moins imprévisibles. Il suffit d’entendre le virage pris à mi-chemin du même “Ziggy Jam”, et l’emballement boogie qui s’ensuit pour comprendre que le trio n’a pas peur de se frotter à plusieurs prismes musicaux. Pareil pour le dernier tiers de “Naïroya”, qui débute comme un titre mid-tempo superbement exécuté, et tombe dans une spirale de groove ensorcelant sur une fin menée tambours battants, sous des déluges de soli de gratte. Un peu plus loin, “The oldest man on the Left” (ou en tout cas les trois premiers quarts du morceau) n’aurait probablement pas trop dépareillé sur “… And The Circus Leaves Town”, son de gratte graisseux en bonus, groove à tous les étages, basse ronde et robuste, breaks impeccables… “Domadora Jam” sur la fin n’est pas le titre le plus intéressant de l’album, moins diversifié, moins bien produit (beaucoup d’écho, un son qui sonne plus faiblard), le titre recèle quand même quelques passages que n’aurait pas renié Karma To Burn.

Au milieu d’un triptyque instrumental épique et quasi-monumental (rien sous les onze minutes), nos parisiens n’ont rien trouvé de mieux que de balancer “Chased and caught”, une torpille furieusement charpentée, un titre presque trop direct et efficace (je l’avoue, je me suis même demandé si ce n’était pas une reprise), qui plus est dotée de chant (des vocaux juste impeccables, à se demander pourquoi ils n’en collent pas sur leurs autres titres : ce n’est clairement pas leur point faible !). Une autre illustration en tout cas que leur musique est pleine de surprises, et surtout que nos trois zicos sont plein de ressources et de potentiel. On va essayer de les choper en concert au plus tôt si possible : leur galette laisse à penser que le trip prend toute sa dimension en live, c’est une évidence.

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