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Dopelord – Songs for Satan

En dix ans (depuis leur premier album) Dopelord n’a pas chômé : ce Songs for Satan est déjà leur cinquième LP sur la période, et côté scénique, ils ont arpenté une bonne partie de ce qui existe comme clubs et festivals du vieux continent, via un bon petit rythme de tournées. Bref, le quatuor occupe le terrain, et incidemment grappille des jetons de notoriété au sein de la scène stoner/doom européenne et internationale. « With great power comes great responsibility” comme disait l’autre. On attendait donc de ce disque rien moins que l’affirmation de leur légitimité dans le peloton de tête du doom européen.  Très (trop ?) hypé plusieurs mois avant sa sortie, l’album s’annonçait rien moins que cataclysmique, et on s’est donc jeté dessus la bave aux lèvres…

En se penchant sur l’objet et son concept, on fronce d’abord un sourcil sinon suspicieux, au moins circonspect : encore un énième rappel de l’éculé concept satanique (après un 4ème album titré Sign of the Devil, niveau originalité on a déjà vu mieux), ça ne nous projette pas forcément vers l’album de la révélation… Et tandis que l’on tombe sur « Night of the Witch » dès l’intro, l’ambition dégringole de quelques étages encore : avec un couplet basé sur un riff simpliste déjà entendu mille fois (mais dont le groupe semble se sentir très fier, le convoquant à nouveau en conclusion de l’album, sur l’inutile outro « return to the Night of the Witch » au synthé), ce titre propose surtout un refrain mielleux “sur-mélodique” aux limites de la génance. Sans le sauver, un sympathique break améliore le tout en milieu de chanson, avant une conclusion rappelant une sorte de mauvais Monolord sirupeux, avec un riff fuzzé en mode pilotage automatique. On va pas se le cacher, ça commence pas terrible…

Heureusement la suite est plus satisfaisante : même s’il est très téléphoné, « The Chosen One » est de très bonne facture (en particulier grâce à son break « sauce Dopelord » où s’enchaînent quelques excellents soli), tout comme « One Billion Skulls », un titre moins basique mais intéressant. « Evil Spell » un peu plus loin souffle le chaud et le froid, avec des passages aux ambiances travaillées rappelant Mars Red Sky, mais un peu plombé par des lignes vocales (et des paroles) indigentes. Celles et ceux que le chant un peu nasillard de Mioduchowski ennuie pourront d’ailleurs apprécier « Worms » en clôture, qui propose un chant 100% « gorge grasse râpeuse », un peu en décalage avec un riffing que l’on aurait vu plus lourd et sombre afin de mieux coller à ce type de chant (on est dans une tentative plutôt sludge que funeral doom, quoi) pour un titre globalement plutôt bien foutu.

En synthèse, Songs for Satan est un bon album de Dopelord, et un album de doom efficace, sérieux et appliqué : il rentre bien dans les codes, les règles sont respectées à la lettre… Sans fantaisie, Dopelord fait du Dopelord (un gros riff qu’il fait tourner aux limites du raisonnable, un refrain accrocheur, une série de soli, et on recommence…) alors qu’on aurait aimé voir le groupe prendre un peu de hauteur et matérialiser des velléités de se démarquer de ces dizaines d’autres bons groupe de stoner doom. Quelques riffs fort recommandables sont ici contre-balancés par quelques passages insipides et/ou mal inspirés. Pas un mauvais disque, loin s’en faut, mais un disque susceptible de décevoir celles et ceux qui en attendaient beaucoup. Il y aura comme toujours une poignée de titres suffisamment efficaces pour faire dodeliner les têtes en concert et headbanguer en synchro comme ils savent si bien le faire… rien qu’ils ne nous avaient pas déjà démontré (et on sera probablement toujours au premier rang).

 


 

 

Note de Desert-Rock
   (7/10)

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