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Dopethrone – Broke Sabbath

Le trio sludgeux craspec québecois nous revient presque six ans après son précédent méfait (le réussi Transcanadian Anger) – ils nous avaient habitués à plus de régularité ! Le COVID a bon dos… ? Peu nous chaut, en fait, et on se jette sur la nouvelle galette comme le rat d’égout sur un bout de viande verdâtre. Il faut dire que l’artwork donne envie : du sang, de la viande, des cartouches, de vieilles canettes vides, des lames de rasoir, un peu de neige… Bienvenue à Hochelaga, le quartier glauque de Montréal d’où vient le groupe ! Gageons que cet amoncellement gracieux d’immondices prend probablement toute sa dimension imprimé en grand sur une belle pochette de vinyl ! Et que dire du titre : hommage appuyé au Sabbath Noir (le « S » ne laisse que peu de doutes), il laisse augurer du meilleur…

Les premières écoutes confortent un premier constat : Dopethrone fait du Dopethrone, et les choix de production des deux derniers albums en particulier sont assumés, et même renforcés ! On retrouve bien cette prépondérance du duo guitare/basse et surtout ce chant de gorge redoutablement crado de Vince (toujours plus maîtrisé) mixé de manière assez homogène un peu en arrière, en deuxième niveau sonore. Le riff en premier, le tout baignant dans un sludge grassouillet, pour un son bien à eux – on pense inévitablement à un mix d’Eyehategod quand c’était bien, à Crowbar pour la densité du son de guitare, à Thou pour le chant, à des vieux Church of Misery parfois… Bref, on est bien, là.

La trame sonore étant posée, c’est les compos qui vont finir de décider de la robustesse de ce disque. Ça commence assez fort avec probablement le titre le plus catchy, « Life Kills You », son riff fiévreux et sa rythmique indus (on est pas loin de la batterie emblématique des premiers Rob Zombie) bien calée par la frappe de mule de Shane. Autre démonstration d’efficacité un peu plus loin avec « Uniworse » qui aligne les planètes en cumulant un gros riff principal, un couplet super bien foutu, et un break fort bien senti.

« ABAC » ou « Shlaghammer » quant à eux viennent traîner longuement leurs guêtres en terres doom, où le sludge québecois fait des merveilles, voire même sur « Sultans of Sins » (dont quelques subtiles et rares fragrances viennent parfois nous rappeler Type O Negative…).

En revanche, avec des titres comme « Truckstop Warlock » ou « Rock Slock » le groupe démontre tout à la fois son talent d’écriture (des riffs excellents, des plans vraiment bien foutus)… mais se perd un peu sur des segments tortueux moins intéressants ici ou là. 8min30 pour ce dernier, c’est peut-être un peu long tandis que la messe est dite au bout de 4 min… Mais c’est aussi le charme du groupe, qui en fait à sa guise, sans se préoccuper des formats trop rigides.

En tout cas aucun morceau ne vient plomber le disque, et à ce titre Broke Sabbath est peut-être l’album le plus homogène de la discographie du combo. Les aficionados de Dopethrone, et esthètes du slutch (la vision du sludge made by Dopethrone), trouveront leur bonheur dans cette galette : prod efficace, compos bien foutues, son bien dégueu… Les ingrédients d’un bon disque de Dopethrone sont réunies, et avec elles la promesse de quelques belles torgnoles live à venir. Un bon cru.

 


 

Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

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