On avance un peu dans la pénombre avec ce quatuor anglais, auteur jusqu’ici d’une poignée de EP discrets avant cette signature chez Ripple. On engage donc une série d’écoutes de ce disque, et ce qui dénote assez vite c’est l’impression de sérieux qui s’en dégage : quelque chose de solide sur ses bases, son son, son style, son exécution. Au niveau du style, on est sur un stoner assez costaud, avec tous les marqueurs des groupes U.S. (marrant pour des grand-brittons) des deux dernières décennies dans le genre : gros travail mélodique, réel effort apporté aux vocaux, grosse production… Sur cette base, notre attention est captée, et on se dit que s’il y a du fond de jeu, on est partis pour passer un bon moment. Et c’est le cas, car derrière, ça déroule avec une efficacité remarquable, les cartouches défilent sans aucun tir à côté de la cible. Après des dizaines d’écoutes (si si), on a du mal à faire émerger certains titres qui sortent du lot, tant l’ensemble est solide. Pour l’exercice on pourra mettre en exergue le mid tempo introductif « Vagrant » (son refrain catchy et surtout son break median, toute en soli, sobres, mais s’empilant l’un l’autre dans une montée en puissance jouissive), le brutal « She Calls » et sa rythmique en béton (sorte de grosse torgnole de stoner scandinave avec un chant très kyussien), l’épique « Skyriders » (qui enquille les séquences rapides / mid-tempo pour se finir en une bonne baffe), et le final sur le massif « Legacy », un titre de 9 minutes au final étouffant.
Au-delà du mur de grattes qui soutient la baraque au premier plan, le chant de Liam Tinsley fait partie des éléments qui font émerger Duskwood : on pense très souvent au John Garcia post-Kyuss (en terme de tessiture et d’efficacité, sans vraiment que l’on ait affaire à un ersatz), et on apprécie les nombreux passages au chant doublé, dans un travail ciselé remarquable, assez proche de ce que l’on peut trouver chez nos compatriotes de LDDSM notamment (un groupe auquel on pense d’ailleurs parfois en écoutant ce disque, en particulier période Arcane).
Bref, sans crier gare, ce disque que l’on pensait juste passager dans notre liste de lecture y a finalement trouvé une place bien confortable, pour longtemps. Il saura convaincre les amateurs d’un stoner rock puissant mais accessible, qui ne mêle pas forcément « mélodie » avec « légèreté ». De la musique de qualité, quoi.
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