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Earth Tongue – Great Haunting

Depuis plusieurs semaines, le petit monde du stoner doom chuchote le nom de ce duo du Pacifique Sud, de toutes parts et en toute occasion. Forcément, sur le CV du jeune combo néo-zélandais (ils n’ont même pas huit ans d’existence) on aura noté la première partie de QOTSA sur leurs dates néo-zélandaises, mais on commence à voir Earth Tongue squatter les meilleures places de premières parties des tournées européennes les plus excitantes (Acid King, 1000Mods ou Ty Segall…). L’occasion de croiser leur route sur les planches récemment nous aura fait toucher du doigt le « petit phénomène », et nous a incité à nous pencher sur leur second album, Great Haunting.

Quelques écoutes suffisent à comprendre que l’on n’est pas confronté à un groupe très traditionnel, en out cas pas dans les genres musicaux dans lesquels nous sommes habitués à évoluer. Comment mieux illustrer ce déstabilisant diagnostic qu’à travers les premières secondes du disque, à savoir l’intro de « Out of this Hell » ? L’auditeur y est d’abord (ac)cueilli par quelques notes de synthé space-pop sucrés pour mieux être chavirés immédiatement par un gros riff fuzzé. Et c’est ainsi que le jeune duo nous balade pendant les 37 petites minutes de ce disque, dans une sorte d’environnement musical instable où cohabitent riffs doom, mélodies pop, dynamique rock indé… Très déstabilisant sur les premières écoutes, l’album se dessine peu à peu comme une petite friandise en mode plaisir coupable (pas évident pour le doomster velu et bourrin d’assumer l’attrait  de certains passages quasi pop du disque). Car pour un gros paquet de riffs lourds et tranchants (« Nightmare », « Out of this Hell », « The Mirror », « Sit next to Satan », « The Reluctant Host »…) combien de plans surréalistes, venus de nulle part, parviennent à chambouler nos repères en une paire d’accords de guitare ? On mentionnera par exemple « Bodies Dissolve Tonight ! » et « Nighmare » avec leur jeu de batterie aux bornes du punk rock / pop rock, le break girly sirupeux de « The Mirror » porté par un petit pattern de synthé avec un chant option fillette de Gussie Larkin, « Reaper Returns » et son couplet presque… « dansant » !?… Et au milieu de ce bazar, quelques pépites stoner doom catchy à mort, comme « The Reluctant Host », « Out of this Hell », « Sit next to Satan”, …

On pense assez souvent à une sorte d’accouplement sordide entre Electric Wizard et White Stripes (toutes proportions gardées, lâchez pas les chiens !), ces derniers en particulier du fait d’un batteur occupant un rôle clé dans le mix musical, et surtout une chanteuse-guitariste qui finit d’insuffler une identité forte au groupe, à travers son son de guitare puissant et protéiforme (quelle densité, quelle variété) mais aussi son chant : s’il s’agit du principal facteur qui en rebutera certain(e)s, la tessiture foncièrement « girly » de Larkin, complètement assumée dans un registre vocal pourtant assez vaste, est assez clairement le « facteur X » de la musique du groupe (e ce même lorsque Ezra Simons la complète sur des chœurs d’intonation pas forcément beaucoup plus grave). Serait-ce l’avènement d’une sorte de « Riot Grrrl Doom », version gentille et doomy du mouvement punk des années 90 ?

S’il est difficile de parler de disque de référence (référence de quoi ? dans quel style ?), Great Haunting s’avère absolument addictif pour l’amateur de stoner doom ouvert d’esprit, et ouvert à d’autres genres musicaux. Rempli d’autant de riffs puissants que de refrains éhontément catchy, le groupe ne laissera personne insensible. Et le fait que vous ne vouliez pas les aimer ne les empêchera de continuer leur tranquille et modeste conquête mondiale !

 


Note de Desert-Rock
   (8/10)

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