Bien que la tendance chez Southern Lord soit à sortir toute une série d’albums d’obscurs combos death-métalleux qu’on préférera poliment éviter, Greg Anderson n’en oublie pas pour autant ses vieux potes du Maryland. A y regarder de plus près, le label héberge d’ailleurs à peu près tous ce que le doom traditionnel compte comme légendes, ce qu’il ne manque pas de nous rappeler à grands coups de stickers sur les pochettes. C’est donc Dave Sherman, ancien bassiste de Wretched et de Spirit Caravan, qui poursuit ici sa tentative de reconversion au chant sur ce deuxième album d’Earthride. L’évocation d’un Lemmy ronchonnant et légèrement enroué en refroidira certains mais ne devrait pas éclipser les qualités de ces dix compos.A l’heure où de jeunes loups tentent désespérément de retrouver le son de leurs illustres prédécesseurs, offrant l’occasion aux critiques de mauvaise foi d’en remettre une couche sur l’aspect passéiste du Stoner, Earthride évite de regarder dans le rétroviseur et débarque avec un album au son résolument contemporain. Bien que le choix de Mike Dean et Jean-Paul Gaster, respectivement bassiste de COC et batteur de Clutch, à la production puisse paraître curieux, le résultat est très convaincant, notamment dans le traitement des guitares. Dès les premières secondes, on est séduit par ce son chaud et généreux qui faisait défaut à la majorité des productions Hellhound des années 90. Passé ce constat, l’enthousiasme redescend d’un cran face aux deux premiers morceaux mid-tempo qui se contentent de recycler des riffs usés jusqu’à la corde et ce n’est qu’à partir de « Vampire Circus » qu’on manifeste un regain d’intérêt qui ne cessera de grandir jusqu’au dernier titre. Il semble en effet que l’album soit basé sur un crescendo, un lent passage de l’ombre à la lumière qui se manifeste par l’adjonction progressive d’éléments qui renforcent le groove pour culminer avec « Swamp Witch ». Au fil des titres, les riffs se font de plus en plus intéressants et le chant de Sherman moins monotone. La présence de Mike Schauer (clavier de Clutch) sur deux titres confirment d’ailleurs cette impression renforcée par les plans franchement blues de Kyle Vansteinburg, notamment sur « Loss » où alternent passages mélodiques et chapes de plomb, ce qui ne l’empêche pas d’abuser des solos parfois dispensables.Au final, on obtient un album très varié et plus homogène que son prédécesseur, sur lequel le groupe avait une fâcheuse tendance à partir dans tous les sens en plaçant des accélérations au détour de chaque couplet. Earthride parvient à nous étonner et s’offre une belle marge d’évolutions possibles qui laissent présager de quelques bonnes surprises pour l’avenir.
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