Durant la déferlante scandinave du début des années deux-mille, El Caco avait constitué, avec entre autres ses compatriotes de Honcho, la réponse norvégienne à la suprématie suédoise sur le stoner européen. En 2001, le trio commit un incroyable album : « Viva ». Cette production de grande classe tourna régulièrement sur ma platine durant quelques années et ce disque figura longtemps dans mon top ten des meilleures productions de stoner de tous les temps. Vous dire l’affection que j’ai eu pour ces Norvégiens ; celle-ci se limita malheureusement à cette première production en particulier car s’en suivit « Solid Rest » qui n’atteint pas le niveau attendu après un premier album bluffant puis « The Search » qui se cherchait vraiment au milieu de la décennie. Ce troisième album me vit abandonner tout espoir de me retaper un jour une bonne plaque de ces types.
Je fis l’impasse sur les trois plaques qui suivirent et, lorsqu’un de mes complices m’adressa un message du style : « Tu prends le prochain El Caco ? », j’allais lui signifier mon manque d’intérêt pour ce groupe s’étant égaré depuis un certain temps dans des méandres metal hype auxquels je ne goûtais pas vraiment, y compris en ce qui concerne certains gimmicks exaspérants en vogue sur les grosses productions germaniques. Cette formation était devenue, à mes yeux, peu digne d’intérêt comme Sparzanza, par exemple, qui emprunta un chemin similaire. Nonobstant, j’ai surfé un poil sur la toile et ai jeté une oreille, septique, sur le premier single issu de ce « 7 » : « Ambivalent » qui fit office d’antiseptique. Ce premier extrait m’a rapidement convaincu d’aller plus loin dans la découverte du septième opus d’El Caco car c’est une belle réussite au rayon stoner traditionnel : une basse trépidante, un riff overdrivé efficace et un refrain catchy ; que demande le bon peuple ?
A côté de ce brulot pas novateur, mais terriblement efficace, se côtoient des compos du même tonneau : faciles c’accès et foutrement bien produites dont « Those Possessed » et surtout « Curious Single » qui lorgne vers le Mastodon des débuts par ses plans hyper carrés. J’ai, par contre, fait l’impasse sur deux bizarreries proches du filler : « Reach Out » ainsi que « In Limbo » qui devraient plaire à vos potes pas férus de stoner. Cette galette qui tape dans le stoner très traditionnel ranime incontestablement la flamme El Caco et sa filiation avec le style que nous chérissons.
Bénéficiant d’une production des plus soignées, cette sortie digne d’intérêt évite le piège de la redondance en s’ouvrant à des sous-genres des plus intéressants et, outre le premier extrait pêchu en diable, deux titres à part sortent carrément du lot. Tout d’abords « The Silver Light », une tentative punk’n’roll qui réussi le parfait mix de la légèreté des Hellacopters et de la rythmique plus couillue de leurs compatriotes de Dozer. Le deuxième, qui n’a rien à voir avec l’entier de cet objet, c’est « In Space All Huge Beasts Just See » : un instrumental de trois minutes trente au tempo martial et très ralenti sur lequel on frôle le génie à grands renforts de reverb. « 7 » ne sera peut-être pas le disque de la décennie, mais il s’agit incontestablement d’une sortie d’excellente facture.
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