X

El Thule – Green Magic

Je l’avoue d’emblée, le fait que El Thule sorte son deuxième album ces temps-çi ne m’emballait pas outre mesure. Pour cause, un premier essai qui empilait une majorité de titres courts, punky et crades sur les bords qui fonctionnaient beaucoup mieux sur scène que sur ma platine, principalement en raison de la débauche d’énergie déployée sur les planches par ces trois zicos italiens. J’ai du l’écouter une demi-douzaine de fois avant de le ranger dans le bas de la pile d’où il n’est plus jamais ressorti.

Bien que la pochette de Green Magic m’évoqua à première vue celle de la dernière livraison de Electric Wizard, ce qui aurait du éveiller quelques soupçons, c’est sans aucune excitation que j’enfournai cette nouvelle plaque. Je le fis même avec une légère appréhension, celle de décrocher après trois titres, voir quatre selon mon humeur.

Dès les premières mesures qui succédèrent à l’intro au didgeridoo, je me ruai sur le livret afin de le décortiquer sous toutes ses coutures pour m’assurer qu’il s’agissait bien du même groupe qui nous avait livrés No Guts, No Glory il y a quelques années. Car en matière de changement de direction musicale, on a rarement vu un revirement aussi radical, sauf peut-être chez les suiveurs de modes qui polluent les ondes, ce qui est bien sur loin d’être le cas ici. Malgré quelques réminiscences punk parfois décelables, El Thule a en effet largement changé de registre en alourdissant considérablement le propos, bien aidé en cela par la production de Mr. Dango (guitariste pois sauteur de Truckfighters) et Gabriele Ferreri qui leurs ont peaufiné un son énorme et compact tout en maîtrisant parfaitement l’art de faire sonner l’ensemble comme un bordel parfaitement organisé, ce qui sied parfaitement à leurs velléités de verser désormais dans un Heavy Doom qui séduira les amateurs de High on Fire, au hasard.

Les éjaculations de 2’30” font désormais place à des titres bien plombés tournant régulièrement autour des 8 minutes mais riches en rebondissements. Cà frôle parfois le Sludge sans jamais y verser complètement, çà lorgne régulièrement vers un Sick Doom dont l’aspect malsain est désamorcé par de longs solos au feeling 70’s parfaitement maîtrisé (Tommi Holappa fait d’ailleurs une apparition remarquée dans un registre qu’on lui connaissait moins) et çà se lâche dans des plans rock’n’roll dopés à la testostérone qui évoquent Entombed, même si ces derniers prétendent jouer exclusivement du Death Metal. Quels que soient les chemins empruntés, le résultat est toujours intense sans jamais tomber dans l’excès de lourdeur et cette capacité à rester sur le fil, à jouer avec différents styles en restant cohérent confère à cet album une touche particulière même s’il n’apporte rien de fondamentalement novateur.

En conservant les mêmes ingrédients, c’est-à-dire un son bien gras et une furieuse envie de jouer très fort, mais en les accommodant de façon différente, El Thule surprend agréablement grâce à ces huit titres qui ne font certes pas dans la dentelle mais révèlent un talent de composition qu’on ne suspectait pas à l’écoute de leur premier méfait. Pas certain que cette plaque leur apporte la gloire mais on peut les rassurer, les guts sont toujours bien présentes !

Note des visiteurs
(0/10 - 0 vote)

(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)