12 ans… Voilà plus de 12 ans qu’Elder fait partie de notre paysage musical pour en devenir un des groupes majeurs des années 2010. Du stoner des débuts à l’odyssée épique et progressive de Reflections of a Floating World, le trio devenu quatuor a sans cesse fait évoluer ses influences et s’écarte, album après album, de cette scène stoner. Leur trip quasi kraut rock, The Gold & Silver Sessions, sorti en 2019, marque d’ailleurs un tournant dans les motivations musicales d’Elder. A l’instar des dernières sorties du groupe, Omens devrait donc apporter son lot de surprises et est particulièrement attendu pour voir la direction prise par la bande de Nick DiSalvo.
Si le single “Embers” sorti il y a quelques semaines laissait encore planer le doute sur la volonté du groupe, avec des riffs et un refrain efficaces venant s’incorporer avec réussite aux parties plus progressives, le morceau “Omen” ouvrant l’album élimine lui toutes incertitudes. Intro spatiale ramenant tout de suite au rock progressif des années 70, structures plus lentes, boucles psychédéliques basées sur un clavier nettement plus présent qu’auparavant… Elder assume d’emblée les orientations prog / krautrock de leur dernier EP et que l’on retrouvait déjà par petites touches sur Reflections of a Floating World.
Omens est donc musicalement beaucoup plus aéré que ses prédécesseurs. Cette épuration du son permet au groupe de mettre en valeur chaque instrument et notamment les lignes de basse qui redeviennent parfaitement audibles sur cet album. Le titre “Halcyon” symbolise cette nouvelle orientation et résume à lui seul toutes les qualités d’Omens. Avec son feu d’artifice de mélodies aériennes partant par moment dans des vibes plus massives, le morceau nous rend apte à léviter pour nous faire parcourir des contrées oubliées. “In Procession” part aussi dans cette même voie de trip atmosphérique mais en y rajoutant ce côté épique des guitares arrivant à faire tressaillir nos barbes de confinés à chaque écoute.
Seulement voilà, Omens souffre d’un défaut jusqu’ici inconnu chez Elder. Il est inégal… L’utilisation plus poussée des synthétiseurs est intéressante au départ mais devient redondante dans ses effets, rendant le tout assez linéaire sans créer de réels moments marquants. On sent aussi l’absence de Matt Couto à la batterie, qui, de part sa technique et son groove, arrivait à sublimer le son du groupe (le nouveau batteur est loin d’être mauvais, mais la différence de feeling est audible).
Ce sentiment d’inégalité de l’album est accentué par le chant : même s’il y reste globalement peu présent, les lignes vocales ne s’intègrent pas toujours dans les ambiances d’Omens, notamment avec des effets pouvant surprendre sur certains titres, venant parfois même interrompre et perturber l’écoute de phases instrumentales méritant d’être développées. Il est d’ailleurs étonnant de ne voir aucun titre complètement instrumental sur Omens au vu des portes que semblait ouvrir l’EP The Gold & Silver Sessions.
Au final, l’écoute d’Omens laisse une sensation bizarre. Cet album propose un son globalement magnifique (peu être le meilleur du groupe jusqu’ici) et arrive tout de même à nous faire planer assez loin (“Halcyon”, “In Procession”, la fin d'”Omens”). Il propose aussi certains éléments qui ne fonctionnent pas aussi bien que prévus et cela rend l’appréciation de l’album moins évidente que d’habitude. Omens n’est ni une grande réussite, ni un échec, alors prenez cet album tel qu’il est. Mettez de côté les différences entre Omens et les autres albums d’Elder, acceptez ses défauts, donnez lui un peu de votre temps, et il saura vous séduire avec ses qualités.
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