Près de 25 ans après leurs premiers pas, Electric Wizard reste l’un des groupes de doom les plus importants du genre. Lugubre comme une nuit sans lune, évanescent comme une quelconque malsaine fumée, la musique du sorcier convoque le diable et les paradis artificiels dans un torrent électrique. Auteur d’une première partie de carrière exemplaire, puis d’un retour fracassant (Witchcult Today), Oborn et ses comparses ne font que décliner depuis lors, sortant coup sur coup deux albums finalement peu marquants (Black Masses/2010 et surtout Time To Die/2014).
A l’heure où Electric Wizard annonce posséder son propre studio et vouloir accélérer la cadence des publications (un nouvel EP est déjà en préparation), la publication de leur neuvième album Wizard Bloody Wizard inquiète. Hommage à Sabbath dans le titre (ils ont équipé récemment leur studio d’une console utilisé par les maîtres pour l’enregistrement de Master Of Reality), pochette immonde et production éclaircie : Electric Wizard nous aurait-il donné une nouvelle raison de nous énerver ?
Ce qui en premier fera parler est bien sûr la production, plus claire, plus acid rock, changeant en profondeur l’identité sonore du Wizard. Prise de risque à saluer pour certains, trahison pour d’autres, cette dernière sert avant tout de révélateur de la qualité des compositions. En effet l’histoire du doom s’est faite sur le rendu sonore de compositions, pouvant masquer un jeu approximatif ou un riff sans grande originalité par la grâce d’une implacable couche de boue, puissante embellie de distorsion, transformant n’importe quelle brique, même de basse extraction, en mur du son. Wizard se présente donc mis à nu devant son auditoire et la pauvreté de certaines idées saute alors au visage. Pour un bon titre (« Necromania » qui ne dépareillerait pas sur un album d’Uncle Acid & The Deadbeats), combien de mauvais moments ? De « See You In Hell » (en ouverture ET fermeture d’album) et son riff mollasson, au soporifique « The Reaper », les riffs sont éculés, la voix d’Oborn plus qu’irritante. Et là point de Mark Greening pour rehausser la mixture à grands coups de patterns de génie. Simon Poole fait ce qu’il peut, tout comme Burgess (basse/Satan’s Satyrs) mais rien ni personne ne peut sauver « Hear The Siren Scream » et « Wicked Caresses », dont la faiblesse a de quoi rendre agressif le plus défoncé des auditeurs du Wizard.
Sans saveur, pas tant à cause de son virage musical mais par la médiocrité que ce traitement acid rock révèle, Wizard Bloody Wizard est finalement à l’image de sa détestable pochette : cliché et peu inspiré. Time To Die qu’ils disaient en 2014 ? Et pourquoi attendre ?
Point Vinyle:
En quittant Rise Above, Oborn s’était fait un malin plaisir de fustiger les nombreuses versions couleurs et collector que fabriquaient le label. Spinefarm l’a joué sobre mais de qualité, avec 3 versions (clear, red et black) toutes en gatefold, incluant un poster et une carte de téléchargement. Un objet plus joli à collectionner qu’à écouter en somme.
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ben d'accord