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Elephant Tree – Elephant Tree

“Nouveau” venu sur la scène londonienne, Elephant Tree débarque de son pas chaloupé avec son premier album sous le bras. De sa genèse en 2014 qui a très vite mené à l’enregistrement d’un EP “Theia” paru chez Magnetic Eye Records, les voilà aujourd’hui toujours dans la même crémerie avec 8 titres sobrement réunis sous l’intitulé “Elephant Tree”. Le premier EP en n’avait pas laissé de marbre plus d’un, avec ses arrangements qui recouraient à la cithare et ses voix tantôt hurlées. Déroutant dès lors à la première écoute de cet album de ne pas retrouver ce qui avaient fait la “signature” Elephant Tree. Exit la cythare et bienvenue aux harmonies vocales tout en délicatesse.

Là se trouve la nouvelle patte pachydermique du groupe, si les riffs naviguent sur les eaux d’un stoner-doom somme toute classique, les voix subliment l’ensemble et catapulte ce premier “vrai” effort vers des moments de grâce qui ne sont pas sans rappeler toute la beauté qu’arrivait à atteindre le duo Staley-Cantrell. Sur le ouateux matelas de groove sirupeux que forment les instrus se reposent ainsi les lignes de chant qui subliment les sept titres à venir. L’intelligence du quatuor est de justement doser leur force. La maîtrise vocale ne prenant jamais le pas sur la qualité instrumentale sur laquelle il se pose. En variant les compositions le groupe démontre une aisance dans différentes approches de la sphère stoner. Si “Wither” fait des clins d’œil au doom des St Vitus/Obsessed et consorts, “Dawn” élève (légèrement) le tempo pour balancer le gras de la fuzz. Ainsi chaque morceau explore une nouvelle facette du genre, s’offrant même des instants acoustiques (“Circles”) ou des moments plus chauds et relaxés où le soleil de Palm Desert caresse de ses rayons naissants notre visage (“Echoes”).

Aucune méprise néanmoins, un Elephant (Tree) ça trompe énormément et le cœur de la bête est bien plus massif que les exemples pré-cités. “Aphotic Blues” en tête, pièce maîtresse de l’album qui réunit le pop-doom de Floor à la déflagration d’Ufomammut en fin de chanson. “Wither” avait déjà démontré l’efficacité de ce doom bluesy-mastodonte sublimé par les voix, “Fracture” et “Surma” enfoncent dès lors un peu plus profondément les défenses de l’animal dans nos tympans. Pas étonnant de les retrouver en première partie de la tournée prochaine en terre britannique de Mars Red Sky. Cette science de la poutre ciselée, du mur porteur mouluré, de la bûche sculptée, dont savent faire preuve ces groupes apporte un renouveau dans la scène plus que salutaire. Les anglais ont bâti un très bel album, équilibré entre le velu du riff et la clarté de la production.

La maturité dont fait preuve Elephant Tree étonne pour un groupe qui n’a que deux ans d’existence. Tel un jeune diamantaire de génie taillant dans le brut de la roche une pièce finement travaillée. Mature dans son approche sereine des différentes facettes de leurs compositions, mature dans le placement de ces harmonies vocales, mature dans l’efficacité mesurée des riffs qui se répètent avec justesse créant l’envie de plus sans ne jamais flirter avec le trop. Elephant Tree par Elephant Tree s’écoute en boucle sans risque d’overdose et on attend la suite avec impatience.

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