La Pologne n’est pas forcément connue pour être la patrie emblématique du stoner, et encore moins le berceau du rock. Etrange de voir débouler ce quatuor hirsute sur nos plates-bandes occidentales civilisées, combo directement issu de cette contrée pourtant peu féconde en groupes référentiels, avec leur godasses toutes crasseuses et leurs grattes pleines de riffs bien crades. Miam.
L’écoute de ce disque est une expérience en soi : ça commence par une petite intro en son clair, petit à petit pervertie par un feedback de gratte frémissant, qui amène un furieux « Let yourself free », brûlot rageur aux limites du punk (tendance Mondo Generator des débuts). Mais même ce titre, qui paraît binaire et brutal, « dégénère » en un refrain aux chœurs harmonisés complètement décalé. Et ce n’est que le début des surprises ! Témoin encore, ce « Out all night » aux sonorités garage suintantes (et aux rythmiques de gratte encore une fois très « Oliveri-esques »), qui, au bout de 3 minutes, dégénère en un orgiaque trip 70’s nappé de synthés suintants, pour mieux revenir vous en coller un en pleine face 2 riffs plus loin. Et l’on passe ainsi de mid-tempos planants à des titres de heavy rock superbement charpentés (« To tell you », ou le mélange complètement improbable de Turbonegro, de Deep Purple et des Who) ou autres titres montrant que le groupe est loin d’être à la ramasse niveau influences « modernes » (écoutez le riff d’intro et le refrain du dantesque « Fire (Loveboy) » et osez me dire qu’il n’est pas dans la droite lignée du QOTSA des 2000-2002). Une chose est sûre en tout cas, Elvis Deluxe ne manque pas de culot (pour rester poli).
Le groupe a clairement mis le paquet dans ses compos, et l’on reprochera peut-être parfois à la prod de ne pas être au niveau attendu sur certains titres (un son un peu maigrelet sur quelques passages). Est-ce que le plaisir d’écoute en pâtit ? Clairement, non. On pourrait même penser le contraire : ce côté garage rend l’ensemble assez excitant. Même si ce disque ne prétend pas révolutionner le monde bien sage du rock au XXIème siècle, il lui colle quand même un sacré coup de pied dans les roubignolles. Et c’est beau à voir.
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