Endless Floods est assez discret sur la toile pour m’empêcher de faire une introduction avec un tant soit peu de contenu (merci les gars). On rejettera la faute sur la jeunesse du groupe dans le doom-game, rare chose sur laquelle je suis à peu près certain. À la courte liste de mes connaissances, établie après une investigation qui ferait pâlir Columbo (l’inspecteur, pas le plat), on peut aussi ajouter qu’ils sont trois, originaires de Bordeaux, et qu’ils ont sorti cette année un split album avec Uur, une formation des Pays Bas dont le patronyme tapé sur Google m’a mené à l’horloge parlante en néerlandais. Il faut parfois savoir essuyer des défaites en tant qu’inspecteur.
Mais n’oublions pas l’objet de cet article, la sortie de leur premier EP éponyme, Endless Floods, donc.
4 morceaux aux titres précédés d’un chiffre romain pour 35 minutes d’écoute, et une couverture très sobre en noir et blanc, voilà ce que nous propose Endless Floods avec cet EP. Sobriété, les bordelais en ont fait bon usage sur cet album.
Amateurs d’effets à outrance, de champignon psychédélique à s’en faire une omelette et de go-go-gadget-au-poing, passez votre route. Ici, on fait les choses simplement.
Le premier titre, “I – Setting Fire To The Shelter”, compte bien nous le démontrer. Il ouvre l’album sur un dialogue entre la guitare et la basse si calme qu’il faut tendre l’oreille et lui trouver un chemin à travers les cymbales de batterie se perdant dans le lointain si vous souhaitez l’entendre. Vient ensuite le moment du cyclone, avec en son œil un chant hurlé aux baragouinages incompréhensibles et un duo guitare/basse qui n’a rien à envier à Katrina. Ballotté entre ces deux mondes où la violence s’exprime toujours plus ou moins fort, la mélancolie et le chagrin ne quittent jamais le morceau. Poignant.
La suite de l’album est construite sur cette alternance entre neurasthénie et colère. “II – Carpathe”s nous donne l’impression d’assister à l’enterrement d’un homme vivant qu’on tente d’étouffer sous des couches de décibels. Déconseillé aux claustrophobes. “III-Floods” est peut être le morceau synthétisant le mieux le groupe (en plus y’a “Floods” dans le titre, comme le nom du groupe Endless Floods, CQFD) : 14 minutes au total, avec 7 minutes d’une navigation sans heurt où quelques notes errantes cherchent leur chemin aux côtés d’une caisse claire caressée, puis 7 minutes où l’on se fait bouffer par un doom funèbre et terrorisant. Le dernier morceau, “IV- Eternal Failure”, est le plus court de l’album mais aussi celui présentant le moins d’intérêt. Sans être mauvais, il est le plus classique des quatre, si l’on omet sa fin avec un solo aussi inattendu qu’inélégant.
Sur le papier, Endless Floods pourrait paraître un poil monotone. Les ambiances ne sont pas vraiment variées mais toutes sont bien construites et très prenantes, et cette dépouille volontaire, cette volonté d’un retour à l’essentiel, fait du bien à entendre. Voilà un groupe qui avance loin de la surenchère pour délivrer un doom brut mais pas du tout idiot, arrivant à faire voyager l’auditeur entre folie et sagesse avec une grande aisance. Tout ça nous pousse à croire que l’on a face à nous des gens sincères et énormément investis dans leur musique, ce qui la rend d’autant plus saisissante.
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