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Fatso Jetson – Idle Hands

Fut un temps, le siècle dernier en gros, où, Fatso Jetson, tête de prou d’un desert rock bariolé emblématique du haut désert californien et de ses émanations les plus barrées, enquillait un album tous les deux ans, peu ou prou, comme autant de classiques jetés en pâture à un public rare (undeground) mais toujours satisfait. Puis le virage des années 2000 vit le barycentre géographique de ce qui commençait à s’appeler stoner se déplacer subrepticement, puis éclater complètement avec l’explosions de combos de provenances et mouvances musicales hétéroclites. Même si Fatso Jetson a survécu à cette période, leur présence musicale s’est raréfiée, diluée aussi car devenus vétérans d’une scène locale qui n’existe plus vraiment en tant que telle et dans sa forme originelle. Il faut désormais attendre plusieurs années entre chaque disque, à l’image de ce nouveau Idle Hands, qui sort 6 ans après Archaic Volume (on ne comptera pas les quelques EP, live et autres amuse-bouches). Dans l’intervalle, Fatso est toutefois redevenu actif en live, avec quelques tournées européennes notamment : le groupe, au line up à géométrie variable, reste une force vive du genre. Le doute subsistait encore quant à leur inspiration dans l’écriture, à confirmer à travers un véritable album de nouvelles compos.

Les premières écoutes, chaotiques, font aussi peur qu’elles font sourire : on a retrouvé le Fatso qu’on connaissait, cet animal baroque et débridé, imprévisible et instable musicalement. Riffs et licks immédiatement mémorables, breaks improbables, chant fiévreux, arrangements rococo ou plus subtils… La musique du groupe est directement identifiable. En revanche, leur inspiration est-elle toujours au rendez-vous ? Après des dizaines d’écoutes insatiables, on peut répondre par l’affirmative, sans ambage. Il y a des titres plus efficaces que d’autres, certes, mais tous s’engramment durablement dans le lobe temporal ; passées les premières écoutes, il deviendra très difficile de les en déloger. Qualitativement, on est bien lotis ici avec des titres qui se placent instantanément dans les meilleures compos du groupe. On pense par exemple à l’instrumental « The Vincent letter », le catchy « Royal Family », le groovy et si emblématique « Nervous Eater » et même le mélancolique instrumental « Seroquel », qui réussit le tour de force de ne jamais verser dans le sirupeux ou l’ennuyeux. Jamais à court d’idées et d’innovations, Fatso, bien aidés par leur producteur Mathias Schneeberger, expérimente, se frotte à de nouveaux arrangements. « Then and Now » par exemple, concentre tout ce que l’on aime chez le Fatso Jetson « classique » (?!), en proposant le subtil ajout de chœurs féminins discrets mais décisifs (ces vocaux, assurés par la propre fille Lalli, assurent une présence tout aussi discrète et bienvenue sur d’autres titres). Autre illustration de cet esprit frondeur : le déjanté « Portuguese Dream », lancinant et rageur, et son chant complètement déjanté.

Bref, en quarante mots comme en mille, ce Idle Hands trouve sa place sans forcer dans le meilleur de la discographie d’un groupe pourtant habitué aux sommets de son art (il y a peu de concurrence dans sa « niche », faut dire…). Dit autrement : si vous n’aimiez pas Fatso Jetson jusqu’ici, leur dernière production ne vous fera pas changer d’avis. Si vous ne connaissez pas ou mal, en revanche, c’est un très bon cru pour découvrir leur univers. Quant aux fans : vous pouvez vous réjouir de la qualité de cette production et des perspectives qu’elle apporte à la carrière d’un groupe manifestement encore loin du déclin.

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