Notre période est assez trouble concernant le stoner en général. Le marché du disque est morose, le rock est annoncé comme moribond depuis 50 ans, et pourtant de plus en plus de groupes sont fiers d’étaler leurs “couleurs” stoner, à se réclamer du stoner même si le lien avec le genre est pour le moins ténu… Dans ce contexte paradoxal, il est parfois difficile de trier le bon grain de l’ivraie. Ben pour vous la faire courte : avec Freedom Hawk, aucun doute à l’horizon. Et ça fait un bien fou… On se prend pas la tête, on monte un peu le niveau de volume habituel, et on se laisse porter…
Pour vous faire imaginer à quoi ressemble Freedom Hawk, ne cherchez pas trop loin : imaginez un Black Sabbath modernisé (TR Morton sonne d’ailleurs pas mal comme le jeune Ozzy) qui aurait versé vers le desert-rock tendance Fu Manchu. C’est pas plus compliqué. Un riff bien torché, genre qui tourne bien dans les amplis, on construit une rythmique robuste sur le tempo qui va bien, et on cale quelques vocaux bien efficaces. Mais tout ça ne suffit pas à faire un bon disque, nos lascars ont donc aussi pris soin de soigner leur travail d’écriture. Et les titres s’enchaînent, symptomatiques du même mode opératoire. Tiens, prenez “Thunderfoot” : intro lente pour faire monter le “master riff”, on fait rentrer les grattes petit à petit, on fait tourner le couplet lancinant, et à la moitié du titre, on emballe la machine, prétexte à faire rugir les soli de gratte. L’enchaînement avec “Living for days” donne la pêche : le titre COMMENCE par un solo de guitare ! Rare… et délectable. Ca fait plaisir de voir un combo dans lequel il y a un vrai rôle de gratteux soliste, assumé. Et même si Matt Cave n’est pas Steve Vai, ses leads sont gracieux, cinglants, aériens, modestes, juste comme il faut, quand il faut. Bon, et puis on va pas tous vous les décrire, ce disque regorge de titres tous aussi efficaces : “Holding on” et son riff matriciel (et quel solo, encore !), “Nomad” et sa structure épique, “Magic lady” et son refrain redoutable (limite radio-friendly), “Standing in line” et son riff ingénieux…
C’est une évidence, même si Freedom Hawk n’a pas la force de frappe nécessaire pour laisser une marque dans les charts mondiaux, son stoner rock quintessenciel devrait ravir 95% des visiteurs de Desert-Rock.com. Dans un trip old school énergique, le groupe a des arguments à défendre, et ne demande qu’à ce qu’on lui laisse sa chance.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)