Il n’aura pas fallu beaucoup de temps à nos texans de Funeral Horse pour nous proposer un second album. S’il y a un an l’entrée en matière que représentait leur premier né Sinister Rites of the Master avait su taper juste dans les tympans, l’épreuve du deuxième opus s’avère encore et toujours un exercice difficile. Car le premier album n’est finalement qu’une mise en bouche que le suivant se doit de sublimer en une vraie entrée avant (espérons le) un festin de plats et entremets tous plus gouteux. Oui un deuxième album c’est ce que le groupe affirme et confirme. C’est après une genèse effectivement primordiale, la véritable naissance d’un groupe. Dès lors il est clair que c’est bien l’œuf qui est arrivé après la poule… ou vice versa… c’est que le télescopage des idées est courant à l’écoute de Divinity for the Wicked.
Fidèles à ce qu’ils laissaient entrevoir lors de leur première sortie, le trio d’Austin se rie de toute limite stylistique. Il se vautre dans la fange d’un doom-punkisant, rencontre bâtarde d’un blues-rock décomplexé «Ygael’s Wall » et d’un proto-metal lubrique « Gods of Savages ». 7 nouveaux titres qui ne font que rappeler les 7 précédents ? Ce serait bien sous estimer votre monture funéraire. Les premiers accords de « There Shall Be Vultures » vous emmèneront en terre connue avant que le majeur ne se dresse plus fièrement encore. Le groupe ne se refusant rien : des accords de clavier digne d’une BO de James Bond sur « Underneath All That Ever Was », à la cornemusienne fin d’album sans compter sur la celtique « A Bit Of Weed » (en effet…) et la brantbjorkesque « Cities of the Red Night ».
Dérision et outrecuidance sont les maîtres mots de Funeral Horse. Un rock désinvolte et impertinent, sûr de lui sans être pompeux parce qu’ils en ont franchement rien à carrer de la vision étriquée que l’on colle à un courant musical. Au-delà de la musique, c’est ce qu’elle dégage qui vous étourdit et vous possède. Il y a dû Harvey Milk dans ces petits gars (en référence au groupe, bien qu’ils soient militants à leur manière…). Ces messieurs ne sont pas des riffeurs, ni des arrangeurs fougueux, n’attendez pas de démonstration ou de révolution, Funeral Horse joue ce qu’ils aiment et ça se sent. Ainsi cette seconde offrande sonne plus abouti, plus approfondi dans ces choix. Toujours marqué par ce son brut et ce chant scandé au cœur du confort ouateux offert par la rythmique qui donne de l’élan à des superpositions de soli décomplexés.
Qu’est-ce qui rend Divinity for the Wicked meilleur? Tout… et rien. A l’image du paradoxe de l’œuf ou la poule, vous ne saurez pas si vous préférez les passages « classiques » avant les incursions hors champs, ou si cette forme de rock n’était pas là avant toutes les autres diversions. Le résultat est pourtant bien là : électrisant !
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