Après un seul LP et une paire de EPs, Gaupa se retrouve signé sur le prestigieux label Nuclear Blast (Earthless, Graveyard, Hangman’s Chair, Blues Pills, COC, Green Lung, Khemmis, Lucifer, Orchid, Pallbearer… oui, rien que ça). On peut le critiquer autant que l’on veut, le label a le nez fin dès lors qu’il s’agit de trouver des groupes à potentiel, en développement (la moitié des groupes de la liste ci-dessus, en gros), et il a donc jugé que ce que notre petit public de niche apprécie depuis plusieurs années chez les suédois était de nature à plaire à un plus large public. Alors, bonne pioche pour Nuclear ?
A l’écoute de ce premier album, déjà on peut dire qu’il n’y a pas mensonge sur la marchandise et que Gaupa fait du Gaupa : à savoir un heavy rock bien construit, pas si “retro” que ça (ceux qui classent directement le groupe dans l’aéropage “retro rock” en droite ligne des 70’s font quand même un raccourci un peu facile), très mélodique, sur lequel vient se greffer le chant incroyable de Emma Näslund. La vocaliste délivre encore une fois une prestation vocale qui transcende la musique du quintette : piochant dans un registre atypique (pour notre style musical de prédilection), quelque chose entre Bjork (beaucoup) et un peu de Stefanie Mannaerts (de Brutus), Näslund est le point d’attraction majeur de chaque plage. Est-ce à dire que les quatre instrumentistes font de la figuration ? Evidemment non, et la production, impeccable, même si elle met évidemment le chant en avant, sert efficacement la valorisation de tous les instruments.
Côté style, on est donc dans quelque chose de sympathique, pas fondamentalement original, mais pas non plus trop balisé. Le juge de paix c’est donc les compos, et là, on est globalement aussi dans du positif. On note en effet du très bon (l’efficace “Exoskeleton” et son très gros riff en ouverture, le mid-tempo “Moloken” et son break puissant qui balance un blast beat venu de nulle part, le lancinant “Ra”…) mais aussi du plus dispensable (même si bien fichu et accrocheur, “Elden” ennuie un peu sur la longueur, “My sister is a very angry man” semble n’aller nulle part…). Il en va de même du final sur “Mammon”, un beau bébé de plus de sept minutes qui souffle le chaud et le froid…
Globalement, on est quand même sur une belle pièce, un disque efficace et riche, qui montre un visage mature de Gaupa. Myriad a le potentiel, par le truchement de la signature sur une “petite major”, de leur permettre de se faire connaître au plus grand nombre, ce qui serait mérité, au vu de leur parcours mais aussi du disque lui-même. Et même si cela ne se réalisait pas, au moins l’ami Jo Riou, heureux homme qui signe encore une fois leur artwork, pourra prendre des bains de billets, vu ce que doit rapporter une pochette d’album chez Nuclear Blast !
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