Geezer, trio venu de Kingston, dans l’Etat de New York, est de ces noms qui reviennent sans cesse dans la bouche des dénicheurs des talents futurs de la scène fuzz, et pas seulement parce que leur patronyme rappelle le bassiste de Black Sabbath. C’est en effet bien plus à leur statut de vieux routard du hard rock qu’ils doivent leur nom (désignant en argot un vieux déjanté, souvent un ancien hippie ou drogué). Le moins que l’on puisse dire c’est que la bande de Pat Harrington (et sa longue barbe blanche) n’ont rien de nouveaux venus : quarantenaires et bourlingueurs, les trois musiciens de Geezer n’ont eu de cesse de faire parler d’eux depuis la publication de Cage chez STB en 2016. Leur split The Second Coming Of Heavy partagé avec Borracho chez Ripple Music l’année suivante aura fini de les installer dans la liste aussi passionnante que foisonnante de la nouvelle génération de fuzz américaine (Wo Fat, Goya, Wounded Giant, Duel, Mothership, Demon Lung, Ancient Warlock, Hornss, Mondo Drag, Druglord ou Khemmis entre autres). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est chez ces deux labels que sort leur second album éponyme, publié chez les Californiens pour la version numérique et CD ainsi que chez le label New-Yorkais pour ses versions vinyles.
Ceux qui comme moi avaient eu l’occasion de jeter une oreille à Cage avaient découvert un groupe heavy rock de grande qualité, maniant la fuzz avec la même habilité que sont distillées les influences bluesy d’un groupe à placer quelque part entre The Sword et Black Rainbows. Sans pour autant respirer l’originalité, le trio avait clairement placé – déjà – assez haute la barre de l’exigence. Ce second effort quant à lui s’avère en tout points plus intéressant que son prédécesseur. En effet, doté d’une production des plus solide (et d’un excellent son de basse), Geezer, l’album, impressionne. A mesure des écoutes il apparaît d’ailleurs de plus en plus clairement qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’un disque de blues rock par la fuzz maltraité. Le feeling d’Harrington à la guitare (quelques uns de ces soli sont parmi les plus réussis de cette dernière décennie de stoner) et le groove renversant de la paire rythmique Tourseull/Turco placent alors Geezer bien au dessus de la mêlée. Il suffit pour s’en convaincre de s’attarder sur la pièce sublime qu’est « Dust », titre lancinant qui restera comme l’un des titres de l’année. Le trio alterne l’urgence (l’imparable boogie de « Sunday Speed Demon », « Hangnail Crisis ») et les voyages dans l’espace (le plus stoner « Sun Gods », « Bi-Polar Vortex ») tout au long d’un très solide album. Gageons que dans les prochains mois Geezer sera sur toutes les lèvres et ce ne sera que justice.
Point vinyle :
Pour sa version vinyle c’est chez STB Records qu’il faudra regarder. Comme à son habitude, 4 versions sont proposées : la Die Hard Edition (100 ex Yellow, Pink and black splatter), OBI Séries (125 ex clear with colour and black splatter), (Not So) Standard Edition (175 ex bleu ciel) et World Wild Distro (200 ex blancs). Les disques sont tous en 180g, de différentes couleurs et ont, selon les éditions quelques spécificités qui régaleront les spécialistes. Les prix varient bien sûr en fonction.
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