Installé dans le paysage stoner depuis 2009 Geezer a creusé son trou discrètement mais a su consolider sa position grâce à une bonne dose de talent et des astuces de vieux routard dont il parsème ses productions. Les plus assidus d’entre vous se souviendrons que le power trio américain avait failli nous laisser sur le carreau avec son précédent Psychoriffadelia qui n’avait dû son “salut” qu’à un effort d’objectivité de la part de notre rédacteur. Je ne sais pas s’il serait faux de dire que le groupe se cherche, mais voyager d’un blues rock pur jus au stoner passe encore, changer decinq fois en sept ans cela pose tout de même des questions. En effet, le trio ricain signe cette fois chez Heavy Psych Sounds, l’aspirateur à bonnes vibrations, tout ceci démarre donc sous de bon auspices.
Groovy dit tout avec sa pochette psychédélique hommage à l’herbe à chat qui fait glouglou dans le tube en verre. Il n’y a que deux façons de jouir de la chose. Le cul dans un fauteuil le pied battant mesure où à allure modérée en mode croisière au volant de sa caisse sous le soleil printanier. Chaque chanson rappelle le titre de la plaque, c’est groove, suavement groovy. Il n’y a pas d’excès, les notes détendent la couenne et mollement on se laisse envahir par l’esprit de Geezer, cette sorte de blues qui a revêtu sa salopette en jeans et son chapeau de paille.
La basse imprime à l’auditeur le hochement de tête, les incursions psychédéliques de la gratte comme l’intro de “Dead Soul Scroll” finissent invariablement dans le giron d’undes dernieres productions du trio, un blues sur lit de saturation. “Groovy”, titre éponyme joue la carte du groove hard rock des familles, un blues gras qui s’habille ici du son d’une cow bell qui avait déjà fait mouche en introduction de l’album sur “Dig”. Ils sont nombreux les exemples de ce savoir-faire espiègle qui caractérise Geezer.
Le Gros beat paresseux et répétitif de la basse de Richie Touseull sur “Atlas Electra” qui emmène tel un tapis roulant la gratte de Patt Harrington vers un solo aussi fluide que celui de “Awake”. Le passage batterie/chant sur le refrain de “Dead Soul Scroll”. La première partie du solo de “Drowning on Empty”. La chaleur du son des cordes toujours subtil et enveloppant. La reverb, les boucles, le jeu électro acoustique sur “Slide Mountain”, la rythmique de “Black Owl”. Il serait vain d’essayer de détailler toutes les astuces dont regorge Groovy mais ce qui est sûr, c’est que leur luxuriance assure à l’album une belle longévité sur la platine.
Groovy est une galette structurée mais elle part aussi dans le plus pur esprit jam, quitte à s’y perdre comme au cours de “Slide Mountain” ou de “Black Owl”. Cependant qu’on se rassure cela ne diminue pas la qualité de l’album, tout au plus cela fait se fait poser la question de savoir si l’album est génial ou juste très bon et si tu es obligé de te poser la question c’est que tu as déjà la réponse. Groovy est un très bon album qui recycle nombre d’éléments qui ont assuré l’engouement pour les première plaque du trio. En plus de recycler Geezer ajoute suffisamment de discours pour pousser à une réécoute gourmande. Pour autant les aficionados de l’album éponyme de 2014 devront se faire à l’idée que leur stoner lourd et accrocheur s’est mué en quelque chose d’autre. Bien plus posé, plus proche de l’ambiance bluesy de l’EP Gage ou de Electrically Recorded Handmade Heavy Blues, cet album fait office de retour aux sources avec un soupçon de cool psychédélique en plus.
Encore une fois Geezer nous offre un album plein d’astuces, d’hameçons joyeux qui te chopent par la manche ou le bas du futal pour te rendre. Le trio conforte sa positon avec ce Groovy, entre blues et hard Rock Geezer affirme sa mutation, son implantation dans un créneau moins corrosif mais toujours stoner. Créneau duquel on ne voudrait pas voir le groupe délogé.
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