On peut prendre le problème dans tous les sens, ce disque est, et restera, bâtard. Pas clair dans l’intention (sortie “entre deux” ?… Sortie chez Kozmik / Artifactz alors que le groupe était jusqu’ici chez Ripple ?…) , pas clair dans la destination (vinyl only ?… EP ou véritable quatrième LP ?), ce Psychoriffadelia aurait pourtant dû (pu ?) mettre toutes les cartes de son côté : Geezer, à coups d’albums aboutis et de prestations scéniques ébouriffantes, est sur la pente ascendante depuis quelques années. Clairement on attendait l’album de la consécration. Et on se retrouve avec… ce truc un peu difforme d’à peine plus d’une demi-heure, pour 5 morceaux.
Le trio a voulu coûte que coûte graver sur sillons ces instants passés en studio l’été dernier, où il aurait interprété ces titres en conditions live, avec un batteur vacataire apparemment. La promesse est séduisante : on s’imagine le groupe en format jam band débridé… Et finalement, l’album souffle le chaud et le froid. Et il commence mal, avec cette reprise convenue du sempiternel “Hair of the Dog” de Nazareth, déjà rebattue et usée par Guns N’Roses en son temps. Autant prévenir : titre le moins intéressant de l’album. Plus classique des productions du groupe, le gras et groovy “Stressknots” nous remet gentiment sur les rails de l’espoir et nous mène gentiment, enfin, à “Psychoriffadelia”, la chanson-titre, qui apporte tout ce qu’on pouvait espérer d’une séance de jam par un power trio comme Geezer : ça commence par un lancinant groove basse-batterie sur lequel Pat Harrington vient faire couler quelques riffs et soli bien sentis, pour au final un full instru épique qui réchauffe. Le titre n’est pas parfait, mais on aimera croire que le groupe nous a sorti une prise live sans overdubs, et on privilégiera donc (volontiers) dans cette hypothèse une démarche musicale louable plutôt qu’un titre mieux structuré mais dépourvu d’âme. Le ramollo “Red Hook” ensuite fait couler son space rock over-psyche sur 6 minutes agréables mais un peu redondantes… Et on arrive à l’autre titre clé, le protéiforme “Dirty Penny” de presque un quart d’heure, avec sur son premier gros tiers une compo Geezer-ienne très classique et bien punchy, qui dégénère à mi-morceau en un nouveau morceau complet, succession de jams sans queues ni têtes qui suscite chez votre serviteur la même servile adhésion que sur “Psychoriffadelia”, pour les mêmes raisons. Impros, soli, prises de risque… On y est ! Sauf que c’est déjà fini.
Bref, sur une grosse demi-heure, Geezer effleure plusieurs fois le sublime absolu, dans un registre où on ne l’attendait pas forcément. Malheureusement il larve sa production de plans bouche-trous qui ne sont pas de son niveau. Mais en même temps ce n’est pas un vrai album… Ou bien si ?? Bref, Geezer est confusant dans le fond et la forme ; on a autant adoré Pychoriffadelia qu’il ne nous a déçu. On attend donc la suite, et on continuera d’écouter ce disque en le considérant comme une parenthèse.
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Je partage allègrement cette subtile critique ! Et pourtant j'ai adoré la prestation live du groupe au Freakvalley et à Strasbourg !