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Glowsun – Beyond The Wall Of Time

Tout est une question de temps. Johan, Ronan et Fabrice l’ont bien compris et sont piles à l’heure au rendez-vous pour nous livrer un troisième album attendu de pied ferme par une grande partie de la communauté Stoner hexagonale… et plus encore.

Avec « Arrow of time », les Glowsun décochent une première flèche, longue de 9 minutes, qui vient planter le décor de cet album. Ainsi débute donc ce Beyond The Wall of Time : par 9 minutes de lourdeur hypnotique, répétitive, syncopée et roborative, entrecoupée d’accélérations rythmiques assez brutales qui donnent à ce premier morceau des relents de bande-son digne d’un film de science-fiction.

Même constat à l’écoute du deuxième titre, « Last Watchmaker’s Grave » qui pousse un peu plus loin encore les jalons posés par le titre d’ouverture : une intro pesante et malsaine qui rampe insidieusement pendant près de 3 minutes avant de basculer dans une extrême lourdeur. Le décor ainsi planté ressemble à une ville fantôme balayée par des vents guitaristiques et lugubres avant d’être envahie par une horde infernale de cavaliers de l’apocalypse.

Autres temps, autres mœurs, Glowsun a donc pris le temps d’évoluer, de mûrir, de devenir expert en chahutage d’auditeur et de parer sa musique psychédélique de sombres oripeaux. Loin d’être une sorte d’opéra-rock sur le thème du temps, Beyond The Wall of Time est surtout marqué par cette dualité clair / obscur, psychédélisme / pachydermisme. Car alors que la patte du trio lillois est indéniablement présente sur l’ensemble de ce disque (lorsque Johan vient chatouiller le bas de son manche par exemple), la lourdeur, décuplée depuis Eternal Season (sorti en 2012), n’est jamais bien loin.

« Flower of Mist », sans doute le morceau le plus minimaliste du catalogue du trio, ne fait que renforcer cette évidence. Un plan basique à souhait, répété à foison, et décliné à merveille pendant près de 6 minutes afin d’éviter à l’auditeur de relâcher son attention et sombrer dans la torpeur. Tour à tour furieux, lent, rapide, plombé, suggéré, le morceau joue la montre avant d’exploser à la surface du monde dans un final ahurissant et inspiré. Une qualité d’écriture qui n’est pas sans rappeler, dans la démarche, un titre comme « Skyline » de Pharaoh Overlord. Et un morceau qui n’a pas fini de faire des dégâts sur scène.

Alors que le disque touche presque à sa fin, le trio prend enfin le temps de se fendre d’un titre « chanté », plus subtil et conforme au Glowsun de 2010. Mais la subtilité ne dure qu’un temps et la rythmique de plomb, qui donne au disque cette pesanteur nouvelle pour Glowsun, a vite fait de faire table rase de ce passé pas si lointain.

Avec ce troisième effort, Glowsun franchit un cap et donne un nouveau souffle à sa musique. Servis en outre par une production impeccable, nos frenchies réussissent avec Beyond The Wall of Time un sacré tour de force : sortir l’album qui ne déstabilisera pas fondamentalement les fans de la première heure tout en ralliant à sa cause une flopée de nouveaux adeptes plus enclins à la bestialité.

Du travail d’orfèvre(s) digne des meilleurs horlogers suisses et qui mérite beaucoup plus que le temps d’une seule écoute.

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